De nouvelles recommandations américaines confirment le bénéfice limité de l’aspirine dans la prévention cardiovasculaire primaire. Les experts complètent ainsi la version intermédiaire de ce travail, paru en octobre dernier, et déconseillent l’aspirine dans cette indication après 60 ans.
Les experts de la U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) ont publié hier leurs recommandations complètes quant à l’utilisation de l’aspirine en prévention cardiovasculaire primaire. Parues dans le « Journal of the American Medical Association », elles mettent à jour des recommandations datant de 2016 et déjà partiellement actualisées lors d’un travail intermédiaire diffusé en octobre 2021.
Les auteurs concluent « avec une certitude modérée » que cet usage peut avoir un faible bénéfice chez les personnes de 40 à 59 ans ayant un risque de maladie cardiovasculaire d’au moins 10 % sur 10 ans et que l'initiation de ce traitement doit, dans ce cas, faire l’objet d’une décision médicale partagée. Ils rappellent qu’une telle décision ne peut concerner que des patients qui ne présentent pas de risque accru de saignement et qui sont disposés à prendre ce médicament au quotidien.
En revanche, les experts américains déconseillent l’utilisation de l’aspirine en prévention cardiovasculaire primaire chez les 60 ans et plus, sans exception. Un positionnement qui a poussé le Dr Allan S. Brett, de l’école de médecine de l’université du Colorado, dans un édito associé, à regretter que ces recommandations ne concernent que l’initiation de traitement et qu’elles se bornent à préciser que les patients sous aspirine en prévention cardiovasculaire primaire avant l’âge de 60 ans devront envisager d’arrêter vers 75 ans. À ses yeux, il y a là une contradiction qui doit être levée, alors même que les bénéfices du traitement diminuent avec l’âge.
« Le Quotidien du médecin » rappelle pour sa part que le précédent travail de l’USPSTF, paru en octobre dernier, avait poussé le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) à rappeler qu’en France, l’aspirine n’est pas recommandée en prévention primaire chez les patients à risque cardiovasculaire. S’appuyant sur trois grands essais cliniques publiés en 2018, le CNGE conclut : « Il n’y a pas de place pour l’aspirine chez les patients en prévention cardiovasculaire primaire, qu’ils soient diabétiques ou pas, quel que soit leur âge, et y compris en cas d’artériopathie asymptomatique des membres inférieurs. »
Tout comme le CNGE, les experts américains insistent, en outre, sur le risque d’hémorragie gastro-intestinale, d’AVC hémorragique et d’hospitalisation pour hémorragie associé à la prise d’aspirine au long cours. Un risque qui augmente déjà avec l’âge, « indépendamment de la prise d’aspirine », rappelle le « Quotidien du médecin ».
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