Le Quotidien du pharmacien.- Comment explique-t-on la large prédominance du variant britannique en France, plutôt que les variants sud-africain ou brésiliens ?
Pr Christine Rouzioux.- Le variant anglais est arrivé le premier sur le territoire, il a facilement dominé la souche ancestrale et les autres variants, parce qu’ils sont arrivés plus tard, ne parviennent pas à le déloger. Au Brésil, c’est exactement le contraire qui s’est produit : le variant apparu à Manaus (P1) a très vite pris le dessus sur la souche d’origine, le variant dit britannique est arrivé plus tard et n’a pas réussi à s’imposer. En Moselle, le taux du variant sud-africain est passé de 40 % à 24 %, le variant britannique domine donc à nouveau, ce qui suggère qu’il est plus fort – même si ce n’est pas si simple en réalité – que le variant sud-africain. C’est une bonne nouvelle dans la mesure où nous disposons de vaccins efficaces sur le variant anglais.
On assiste à un net rajeunissement des personnes hospitalisées pour Covid, y compris dans les services de réanimation. Quelle est la part jouée par les variants ?
C’est difficile de départager les différents facteurs. Par exemple, les jeunes représentent une très large part de la population brésilienne. Pour autant, on ne voyait pas autant de personnes jeunes malades lors de la première vague. Par ailleurs, il faut prendre en compte ce qu’on savait lors de l’apparition de la pandémie et ce que l’on sait maintenant, la prise en charge thérapeutique s’est améliorée au fil du temps. Une chose est sûre c’est que les professionnels à l’hôpital sont dans un état de choc comme on l’a connu avec le Sida, avec l’arrivée désormais de patients beaucoup plus jeunes à soigner, à réanimer. Mais on sait aussi que les personnes âgées sont, pour beaucoup, vaccinées, ne vont pas dans les restaurants clandestins ou les fêtes sauvages, ne vont pas travailler et s’exposent moins, la circulation du virus a donc baissé dans cette population.
L’efficacité des vaccins actuels est-elle suffisante face aux variants ?
La réponse en anticorps est un peu moins forte mais reste suffisante face au variant anglais. Elle baisse davantage face au variant sud-africain, mais les vaccins à ARNm semblent s’en sortir le mieux. En revanche, elle tombe à 22 % avec le vaccin AstraZeneca selon une étude menée en Afrique du Sud, c’est donc insuffisant, et je crains que ce soit pareil pour le vaccin Janssen. L’hypothèse d’une 3e dose évoquée par Pfizer et Moderna, soit avec le même vaccin, dans le but d’allonger l’immunité, soit avec un vaccin redesigné en fonction d’un variant, est intéressante. Les laboratoires sont en capacité de redesigner et de produire rapidement un vaccin à ARNm, la difficulté est plutôt d’anticiper contre quel variant il va falloir se battre et dans quels pays. Maintenant qu’on sait que des variants sont présents et qu’ils ont des capacités d’échappement immunitaire, il faut faire attention même une fois vacciné, il faut empêcher au maximum la circulation virale. Pour cela il faut jouer collectif car les virus ne connaissent pas de frontières.
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