Le Quotidien du pharmacien.- Depuis quelques années, des études pointent de potentiels effets endocriniens de l’ibuprofène et du paracétamol. Les doutes sont-ils sérieux ?
Pr François Chast.- Est née depuis quelques années l’idée selon laquelle l’ibuprofène et le paracétamol pourraient être des perturbateurs endocriniens, avec probablement une implication en cas de consommations importantes, au long cours. Une question qui se pose concerne l’impact d’une exposition in utero. Le paracétamol, actuellement autorisé pendant la grossesse, pourrait s’avérer associé à un risque de malformations gonadiques et de troubles neurodéveloppementaux. L’ibuprofène, déjà contre-indiqué au dernier trimestre de grossesse, pourrait s’avérer délétère plus tôt. Si bien que des publications telles qu’un récent article de « Nature Reviews Endocrinology » appellent à plus de recherche et de prudence, de même que des sociétés savantes : les clignotants pourraient passer du vert à l’orange.
Pourquoi ces signaux ne sont-ils toujours pas confirmés ?
Il apparaît difficile d’apporter la démonstration de tels effets in utero. Des études prospectives sur des femmes enceintes sont éthiquement impensables : seuls des éléments rétrospectifs peuvent être pris en compte. Or l’ibuprofène et le paracétamol étant indiqués dans des affections particulièrement courantes, 20 000 à 50 000 naissances devraient probablement être examinées pour observer une différence significative entre enfants exposés et non exposés. Une autre difficulté concerne l’identification des troubles : une ectopie testiculaire peut être diagnostiquée seulement à la puberté, et les troubles neurodéveloppementaux lors de l’apprentissage de la marche, ou à l’école. Ce qui laisse le temps de perdre de vue un potentiel lien avec la grossesse. S’ajoute une problématique de co-expositions. Enfin, ces médicaments sont largement consommés dans le cadre d’une automédication, en dehors d’une prescription, ce qui rend difficile toute enquête. Mais la recherche progresse, par exemple en toxicologie expérimentale : on dispose aujourd’hui de modèles animaux expérimentaux de malformations congénitales. Et de nouveaux outils permettent de réaliser de vastes études épidémiologiques, comme les ordinateurs de la caisse nationale d’assurance-maladie.
Va-t-on vers un nouveau scandale sanitaire, comparable à celui de la Dépakine – dont le risque malformatif est réévalué à 11 % ?
Le risque est là certainement très inférieur à celui de la Dépakine, sans doute inférieur à 1 % pour le paracétamol, et dose dépendant (avec un danger accru avec des doses élevées prises ponctuellement ou de faibles doses prises au long cours). Ainsi, ce potentiel risque n’aboutirait sans doute pas à une interdiction pendant la grossesse mais à une mise en garde. En outre, il faudrait que les instances de régulation ne cèdent pas à d’éventuelles pressions rassurantes de l’industrie, qui pourraient retarder une prise de décision.
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