Les benzodiazépines sont les médicaments les plus prescrits au monde pour leurs effets anxiolytiques. Leurs indications sont limitées et il n’est pas recommandé de les utiliser de façon prolongée en raison d'un risque de dépendance et de nombreux effets indésirables.
Malgré ces recommandations, leur usage chronique reste fréquent dans de nombreux pays, comme le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, les États-Unis. Et la France n'est pas épargnée par le phénomène. Au total, 3,8 % des Françaises et 2,8 % des Français ont utilisé à long terme des benzodiazépines en 2015, selon une analyse des traitements délivrés en pharmacie chez plus de 9 000 participants de la cohorte Constances, publiée dans la revue « BMC Public Health » du 14 mai.
Problématique de l'âge
Et ces prévalences élevées ne font qu’empirer avec l’âge : chez les plus de 50 ans, 12,2 % des femmes et 9,3 % des hommes en consommaient régulièrement.
Les auteurs ont cherché à savoir pourquoi les femmes sont plus accros aux benzodiazépines que les hommes. Ils ont dégagé plusieurs hypothèses. Notamment, des troubles de l'humeur et de l'anxiété plus fréquents chez les femmes, ou encore un recours plus facile des femmes au système de santé. En outre, pour faire face au stress ou à des émotions négatives, les femmes sont plus susceptibles de prendre des médicaments, alors que les hommes vont plus se réfugier dans l'alcool.
Mais au final, pour les deux sexes, « l’usage chronique de benzodiazépines s'avère particulièrement fréquent dans la population générale française », avancent les auteurs, qui ajoutent que les personnes les plus concernées sont celles de plus de 35 ans, mais aussi les célibataires, à faible niveau d’éducation, à faible revenu, au chômage, ou dans un état dépressif (et qui devraient logiquement être traitées par antidépresseurs).
Stress et benzos
Dans une autre étude menée à partir de la cohorte Constances, les chercheurs ont également mis en évidence une relation entre le stress au travail et le recours aux benzodiazépines. Les auteurs ont analysé les données de plus de 30 000 actifs de cette cohorte entre 2012 et 2014, et n’ayant pas d’antécédent récent d’usage chronique de benzodiazépines. Selon leurs conclusions, plus les personnes étaient stressées au travail, plus l’usage des benzodiazépines était fréquent. Le risque d’usage chronique de benzodiazépines était au moins multiplié par 2 pour les sujets les plus stressés.
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