Dans la guerre sanitaire actuelle, il n’y a pas que les lits de réanimation qui manquent. Certains médicaments comme les curares commencent également à faire défaut.
Depuis quelques jours, les pharmaciens hospitaliers tirent en effet la sonnette d’alarme auprès des autorités de santé. Après les masques et les solutions hydroalcooliques (SHA), certaines molécules commencent à devenir critiques dans les rayons des pharmacies à usage intérieur. Et les établissements attendent désespérément des réapprovisionnements qui ne viennent toujours pas.
Parmi ces médicaments, les curares apparaissent en tête de liste des stocks qui tendent vers zéro. Quand on sait que ces spécialités sont des incontournables de l’arsenal thérapeutique des réanimations et des soins intensifs, l’inquiétude des acteurs hospitaliers devient alors tout à fait légitime.
Les curares se font rares
Mais la situation actuelle n’est malheureusement que la conséquence logique d’un problème qui perdure depuis des mois. Le marché des curares en France est en flux tendu et les ruptures sont régulières. Les pharmaciens hospitaliers et les anesthésistes réanimateurs se sont même presque habitués à jongler entre les différentes molécules et dosages disponibles.
Face à cette situation, les industriels avancent des explications : difficulté de fabrication, augmentation mondiale de la consommation ou encore contraintes de rentabilité économique.
De l’autre côté de la chaîne, les autorités de santé commencent tout juste à s’inquiéter de la situation. Certaines agences régionales de santé ont même commencé, via les hôpitaux publics, à faire un recensement des quantités disponibles sur leur territoire. Toutes les structures, publiques ou privées, mettent en commun les stocks disponibles. Des premiers dépannages commencent déjà à se mettre en place devant l’urgence de la situation.
Au-delà de la tension d’approvisionnement effective depuis des mois, c’est bien la situation sanitaire actuelle qui précipite les difficultés.
Dans le cadre de la prise en charge des patients graves atteints du Covid-19, les consommations ont logiquement littéralement explosé. L’équilibre fragile qui tenait jusqu’alors entre besoin et approvisionnement s’est effondré. La multiplication des lits de réanimation entraîne proportionnellement des besoins médicamenteux accrus.
Pour les SHA et les masques, les autorités de santé ont réussi à mettre en place des solutions pour pallier les manques. Mais, les choses semblent plus complexes pour ces médicaments.
Tout d’abord, le nombre d’acteurs pharmaceutiques restant sur ce marché fortement génériqué est aujourd’hui restreint. La production de spécialités nécessite à la fois de la matière première végétale et une maîtrise d’un processus de fabrication. Ces deux éléments sont aujourd’hui entre les mains d’un faible nombre d’industriels.
D’autre part, l’envergure mondiale de l’épidémie induit de fortes demandes de la part des différents pays. Les besoins ont depuis longtemps dépassé les capacités de production.
Il ne reste plus maintenant qu’aux pharmaciens hospitaliers et aux équipes médicales d’optimiser encore pendant quelques jours les ampoules disponibles. Pour la suite, tous espèrent un déblocage de la situation afin d’éviter une nouvelle catastrophe sanitaire.
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