Quels seront les contours de la convention entre les pharmaciens et l’assurance maladie pour les cinq prochaines années ? Pour le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie (UNCAM), Nicolas Revel, l’une des priorités sera de « désensibiliser l’économie officinale des effets secondaires des baisses de prix », qui ont vocation à perdurer. « L’officine n’a pas à subir les conséquences de mesures qui ne la visent pas directement », souligne-t-il.
La ministre de la Santé partage cet avis. « Il faut que votre rémunération dépende davantage d’objectifs de santé publique et moins du prix du médicament », expliquait-elle en décembre dans un entretien avec « le Quotidien du pharmacien ». Parallèlement à l’évolution des missions, Marisol Touraine souhaite que la réforme engagée du mode de rémunération se poursuive.
Une rémunération à l’ordonnance
Pour le directeur général de l’UNCAM, la rémunération à l’ordonnance, pour certains types de produits ou de patients, est une piste à étudier. Tout comme l’extension de l’honoraire complexe aux prescriptions des malades en ALD.
Du côté des syndicats, un consensus se dégage. Ils se montrent favorables au maintien de l’honoraire à la boîte (1 euro HT depuis le 1er janvier 2016) associé à une évolution de l’honoraire pour les ordonnances complexes. Ils envisagent ainsi la création d’un honoraire à l’ordonnance de base (pour la tenue du dossier patient), assorti de majorations en fonction de différents types de complexité : longueur de la prescription, ALD, âge des patients, dispensations ou traitements particuliers… Ils souhaitent aussi l’introduction d’un honoraire rémunérant le statut de pharmaciens correspondant qui aurait un rôle de coordination de l’équipe de soins. De même, un honoraire spécifique pour les interventions pharmaceutiques serait mis en place. Il s’agit de rémunérer les actes du pharmacien qui conduisent à un refus de délivrance, un changement de posologie, de produit, ou de dosage, après appel du médecin. Enfin, la préparation de doses à administrer (PDA) pour des personnes en difficulté et à risque iatrogénique médicamenteux justifierait aussi d’un honoraire.
Faire évoluer la profession
Au-delà de la rémunération, Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), estime que la nouvelle convention doit permettre l’évolution de la composante « professionnel de santé » du métier de pharmacien d’officine. Car, selon lui, c’est de ce côté-là que viendra la croissance. « Tout ce qui concourt à améliorer l’observance doit y figurer », illustre-t-il. Autrement dit, le principe des entretiens pharmaceutiques doit être étendu. Avis partagé par le directeur général de l’UNCAM. « Il ne faut pas abandonner les entretiens, même si le bilan est en demi-teinte », estime Nicolas Revel. Même s’il reconnaît que les délais de paiement ont peut-être joué un rôle dans l’essoufflement rencontré, il estime que les modalités sont aussi peut-être un peu trop compliquées.
Pour Philippe Gaertner, le pharmacien doit aussi pouvoir réaliser pour ses patients des bilans de médication au moment où des changements majeurs interviennent dans leurs traitements. « Il s’agit de remettre à plat les nouvelles et les anciennes prescriptions afin d’éviter les confusions entre les médicaments qui doivent être maintenus et ceux qui doivent être arrêtés », explique le président de la FSPF.
Gilles Bonnefond, président de l’USPO, attend, lui, que cette négociation conventionnelle aboutisse à une réforme structurelle de la profession, qui devra concerner à la fois le métier, la rémunération, mais aussi le réseau. « Je souhaite obtenir une convention " ambitieuse ", affirme-t-il. Ambitieuse pour l’organisation des soins sur le territoire, pour les équipes de soins primaires, pour les pharmaciens et pour les patients. » Il attend que cette convention aborde la coordination des professionnels de santé entre la ville et l’hôpital, la prévention, l’accompagnement du sujet âgé et des patients chroniques. « Il s’agit notamment de lutter contre l’iatrogénie et d’améliorer le bon usage du médicament », explique-t-il.
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