Réunis mercredi dernier, les représentants des syndicats, des groupements, de l’Ordre, de l’Association de pharmacie rurale (APR) et des étudiants en pharmacie (ANEPF) ont passé en revue les sujets qui fâchent.
À commencer par les baisses de prix sur les génériques décidées par le Comité économique des produits de santé (CEPS). « L’officine a été maltraitée », s’indigne Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). À ses yeux, les industriels et le CEPS ont reporté l’impact des mesures sur la marge des pharmaciens. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) juge également « inacceptables » les décisions prises par le CEPS. « La part de la pharmacie d’officine est très importante dans la contribution à l’économie, c’est insupportable », affirme son président, Philippe Gaertner, qui évalue le coût pour l’officine des nouvelles mesures entre 120 et 140 millions d’euros.
La voie dérogatoire ne passe pas
Autre sujet de tension actuel, le projet d'ordonnance visant à simplifier les règles d'installation, de transfert et de regroupement (voir également « le Quotidien » du 5 décembre). La FSPF et l’USPO s’inquiètent notamment du retour de la voie dérogatoire qui, selon eux, risque de déstabiliser le réseau officinal. Avis partagé par la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacies, Federgy. Son président, Christian Grenier, estime carrément que ce projet d’ordonnance « nous fait revenir trente ans en arrière ». Il s’insurge contre l’idée de donner cette possibilité dérogatoire aux ARS « soumises à la pression politique et locale ».
Gilles Bonnefond s'emporte également contre certaines caisses primaires d’assurance-maladie qui « harcèlent » les pharmaciens en multipliant les contrôles. Enfin, le président de l’USPO s’impatiente de connaître le contenu de la lettre de cadrage que la ministre de la Santé a promis d’adresser au directeur général de l’assurance-maladie. Cette lettre doit lui parvenir avant le début des négociations pour la nouvelle convention prévues pour fin février.
Mobilisation en vue
Au total, Gilles Bonnefond souhaite mobiliser les confrères dès le début de l'année prochaine, tout comme Federgy et l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Tous les détails ne sont pas encore réglés. Mais déjà plusieurs actions se dessinent. Dès les premiers jours de 2017, ils proposent de lancer un mouvement de grève des gardes et, avant la fin du mois de janvier, d’organiser une journée « sans pharmacie ». Ce jour-là, les pharmaciens de tous les départements seront invités à manifester et à garder leur rideau baissé.
De son côté, la FSPF calme le jeu et préfère attendre la lettre d'orientations de la ministre de la Santé avant de lancer un quelconque mot d’ordre. D’autant que celle-ci doit normalement envisager des compensations aux baisses de prix. « Avant d'engager la profession dans un bras de fer aux conséquences incertaines, la FSPF veut connaître les termes de cette lettre de cadrage, explique son président, Philippe Gaertner. Le conseil d'administration de la FSPF décidera alors des négociations ou des actions à mener. » En ce qui concerne le projet d’ordonnance, la FSPF indique que rien n’est figé pour le moment, les syndicats devant rendre leurs conclusions et leurs propositions pour la faire évoluer le 23 décembre. Et d’autres réunions sur le sujet doivent se tenir. Les discussions se poursuivent et le syndicat estime qu’il est donc encore un peu tôt pour envisager un mouvement de protestation. Quoi qu’il en soit, les prochaines semaines seront déterminantes.
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