En colère, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) appelle une nouvelle fois à revoir la façon dont la France finance l’innovation pharmaceutique. Bien que de nouvelles pistes émergent, les baisses de prix annoncées pour 2023 sur les médicaments matures, pour un montant total de 67 millions d’euros, vont encore dégrader la situation de pénurie au comptoir et donc l’accès des Français à leurs traitements.
L’éditorial de Philippe Besset, président de la FSPF, publié dans le journal du syndicat « Le Pharmacien de France », est un coup de gueule. Formulée à de multiples reprises par les différents acteurs de la chaîne du médicament et notamment les pharmaciens, la demande faite au gouvernement de cesser les baisses de prix sur les médicaments matures n’est pas encore devenue réalité. Ces baisses devraient représenter plus de 67 millions d’euros en 2023. « Le niveau de prix des médicaments en France est tellement bas que certains fabricants se demandent comment ils pourront continuer à les produire, alors même que les ruptures sont déjà notre lot quotidien, rappelle Philippe Besset. Une telle politique est non seulement désastreuse pour l’économie de nos entreprises mais aussi pour l’équilibre de notre réseau. Par ricochet, elle menace l’accès aux médicaments de nos concitoyens déjà confrontés aux pénuries de médecins. »
Pour se faire entendre, la FSPF a boycotté, avec l’ensemble de la chaîne du médicament, le comité de suivi des génériques du 26 janvier dernier, dont le but était déjà de dire stop aux nouvelles baisses de prix envisagées. Philippe Besset plaide pour que les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) de première intention ne soient plus concernés par les réductions tarifaires, et même pour que leurs prix soient augmentés, ne serait-ce que pour faire face à l’inflation. Il va d’ailleurs plus loin. « Pour limiter les concurrences de prix entre les pays, à l’origine de ruptures, nous souhaitons la mise en place de tarifs européens. »
Bonne nouvelle, « notre mobilisation semble avoir d’ores et déjà porté ses fruits », se réjouit la FSPF. « La Première ministre, Élisabeth Borne, a décidé de mettre en place une mission interministérielle sur la régulation du prix du médicament. Cette mission, dont les travaux ont débuté le 2 février, doit nous permettre de sortir du cycle infernal de baisses de prix entamé il y a quinze ans et faire en sorte que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 soit le signe d’un renouveau de la politique du médicament. »
En outre, également le 2 février, les ministres de la Santé et de l’Industrie, François Braun et Roland Lescure, ont pris, à l’occasion du comité de pilotage sur les pénuries de médicaments, plusieurs engagements : un moratoire sur les baisses de prix des génériques stratégiques, c’est-à-dire essentiels sur le plan sanitaire mais vulnérables sur le plan industriel, ainsi que des hausses de prix pour certains génériques produits en Europe, en échange pour les industriels concernés d’une sécurisation pour l’approvisionnement du marché français. Surtout, les ministres ont acté « le lancement d’une phase de co-construction de deux mois avec l’ensemble des parties prenantes » pour aboutir à une nouvelle feuille de route pluriannuelle quant à la lutte contre les pénuries des produits de santé. Dans ce contexte favorable à l’échange, la FSPF ne relâche pas la pression.
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