En 2013, six pays de l’Union européenne avaient inscrit la vaccination antirotavirus à leur calendrier vaccinal : Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique, Finlande, Luxembourg. En France, c’est en 2013 que le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a pris en considération l’impact bénéfique de cette vaccination qui réduit le taux d’hospitalisation pour GEA de plus de 80 %. Son avis a été motivé par les données en faveur d’une immunité de groupe associée à une couverture vaccinale élevée et par une évaluation du risque de survenue d’invaginations intestinales aiguës post-vaccination. Au moment de la prise de cette décision, la couverture vaccinale des nourrissons était estimée, dans l’Hexagone, comme comprise entre 5 % et 9 % selon les années.
Vaccins disponibles.
Il existe deux vaccins vivants atténués dirigés contre les rotavirus :
- Le vaccin pentavalent RotaTeq (soluté buvable) est indiqué dans l’immunisation active des nourrissons dès l’âge de 6 semaines et jusqu’à 32 semaines. Il s’administre à raison de trois doses, la première pouvant l’être dès 6 semaines et jusqu’à 12 semaines. L’intervalle entre les doses étant de 4 semaines, la séquence vaccinale est terminée si possible entre 20 et 22 semaines. Si nécessaire, la troisième dose peut être administrée jusqu’à 32 semaines. Ce vaccin n’est pas indiqué entre la naissance et 6 semaines mais il peut être administré à des nourrissons nés prématurés, à condition que la durée de la grossesse soit de 25 semaines au minimum : ils reçoivent la première dose au moins 6 semaines après leur naissance.
- Le vaccin monovalent Rotarix (suspension buvable) est indiqué pour l’immunisation active du nourrisson âgé d’au moins 6 semaines. La seconde dose est administrée avant 24 semaines. Il est prescrit à la même posologie à des nourrissons nés prématurés à 27 semaines de grossesse ou plus.
Ces vaccins sont contre-indiqués dans certaines situations spécifiques : antécédent d’invagination intestinale aiguë (IIA), malformation congénitale gastro-intestinale pouvant prédisposer à une IIA, immunodépression connue ou suspectée. Leur administration est différée chez un nourrisson présentant une maladie fébrile sévère aiguë grave (une infection bénigne n’est pas une contre-indication) ou en cas de diarrhée aiguë ou de vomissements.
Stratégie vaccinale.
Le HCSP recommande la vaccination contre les rotavirus des nourrissons âgés de moins de 6 mois selon un schéma vaccinal à 2 doses (2 et 3 mois de vie) pour le vaccin monovalent (Rotarix) et à 3 doses (2, 3 et 4 mois de vie) pour le vaccin pentavalent (RotaTeq) : le respect de ce calendrier est essentiel afin d’assurer l’achèvement précoce de la séquence vaccinale.
Les vaccins antirotavirus peuvent être coadministrés avec les vaccins du calendrier vaccinal du nourrisson : vaccins hexavalents dirigés contre la diphtérie, le tétanos, la poliomyélite, la coqueluche, Hemophilus influenzae de type b, hépatite B, vaccin conjugué pneumococcique, vaccin méningococcique du groupe C.
Dans les pays industrialisés, leur efficacité contre les rotavirus pour la réduction du risque de gastro-entérite sévère à rotavirus chez l’enfant de moins de 1 an est d’environ 86 % et cette efficacité est d’environ 41 % vis-à-vis des gastro-entérites toutes causes confondues.
Risque d’invagination intestinale aiguë (IIA).
L’invagination intestinale aiguë (IIA) est une obstruction de l’intestin consécutive à la pénétration d’un segment de l’organe dans le segment en aval. Elle concerne essentiellement le segment iléocolique. L’IIA est à l’origine d’une occlusion intestinale et d’une ischémie. Chez l’enfant, elle est généralement idiopathique et ne résulte qu’exceptionnellement d’une malformation digestive, d’un diverticule de Meckel ou encore d’une tumeur intestinale.
L’IIA se traduit par des douleurs digestives paroxystiques, avec pleurs, pâleur anormale des téguments, refus de s’alimenter ou de boire (même entre chaque accès algique), sans notion de traumatisme, sans fièvre. Un vomissement annonce souvent la survenue d’un épisode. Certains enfants ne présentent qu’une pâleur avec hypotonie ou atonie, sans pleurs, avec une activité normale mais refus de toute nourriture ou boisson. Dans tous les cas, des rectorragies peuvent s’observer assez tardivement.
Les cas les plus simples sont traités par un lavement après sédation ou sous anesthésie générale ; d’autres situations justifient un geste chirurgical avec éventuelle résection du segment invaginé si l’ischémie a été prolongée. Le pronostic est lié à la précocité du diagnostic : l’IIA évoluée peut se compliquer d’une perforation digestive ou d’un sepsis d’origine entérique.
Un risque accru d’IIA a été décrit à la suite de l’utilisation des vaccins antirotavirus : l’affection s’observe dans les 31 jours, et notamment dans les 7 jours, suivant l’administration de la première dose. Cet effet iatrogène n’a toutefois jamais remis en cause l’index thérapeutique du vaccin dans les pays recommandant son usage, depuis parfois maintenant 8 ans.
En France, le HCSP recommande la poursuite du suivi de pharmacovigilance relatif à la notification des IIA et celle de la surveillance active des souches virales circulantes ; il recommande également que l’information sur le risque soit systématiquement délivrée par les professionnels de santé aux parents des enfants vaccinés.
À côté de la vaccination, il ne faut pas négliger l’efficacité prophylactique de simples mesures d’hygiène, qu’il s’agisse du lavage des mains au savon ou du recours aux solutions hydroalcooliques toutes actives sur les virus à l’origine de GEA virales et, notamment, sur les rotavirus.
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