Les pharmacies de proximité risquent de disparaître. C'est ce qui ressort des premiers « amphis de l'officine » organisés ce matin par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Le gouvernement va devoir trancher entre deux modèles, a notamment souligné l'économiste de la santé Claude Le Pen.
D'un côté, la pharmacie française, prise dans sa globalité, va plutôt bien. Le modèle français semble solide, la politique publique paraît favorable, le pharmacien se voit renforcé dans sa mission de santé publique, on lui confie même de nouvelles responsabilités… Mais, d'un autre côté, elle va assez mal : le marché du médicament est décroissant (baisses des prix et des volumes), l'OTC stagne, et les petites officines (moins de 900 000 euros) mordent la poussière. Ce constat de Vincent Bildstein, d'IQVIA, est largement partagé par les experts-comptables. Joël Lecoeur (CGP) observe une différenciation de plus en plus marquée entre les officines de proximité, qui souffrent, et les plus grosses officines qui s'en sortent plutôt bien. Il souligne ainsi une perte d'EBE (excédent brut d'exploitation), principal indicateur de rentabilité, de 10 % pour les petites officines en 2018. Président de la FSPF, Philippe Besset rappelle que, en dix ans, 1 000 pharmacies ont disparu, 230 rien que l'an dernier.
Pour Claude Le Pen, économiste de la santé, qui observe l'évolution des professions de santé depuis de nombreuses années, la situation est claire : la pharmacie de proximité, tant vantée par la profession et, en parole, par les pouvoirs publics, risque de disparaître. « Le tissu officinal est distendu, constate Claude Le Pen, avec, aux deux extrêmes, les petites officines, victimes de la conjoncture économique, et, à l'autre bout, les méga- pharmacies soutenues par des fonds d'investissement et dirigées par des gestionnaires venus souvent de la grande distribution. » Et le paradoxe, c'est que ces dernières ont les moyens d'accomplir les nouvelles missions, censées compenser les baisses de revenus liées au médicament, alors que les premières ne le peuvent pas !
Pour Claude Le Pen, le gouvernement va devoir adapter le modèle économique à ce qu'il souhaite pour l'avenir : une distribution du médicament de type Amazon, ou le maintien d'un maillage de pharmacies de proximité et de services. L'heure n'est plus aux atermoiements.
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