La ministre de la Santé Marisol Touraine a saisi hier l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) après le décès de trois patients sous chimiothérapie au CHU de Nantes. Le remplacement d'un médicament par un autre, pour cause de « tensions d'approvisionnement », est pointé du doigt.
Cinq patients atteints de lymphome, en cure de chimiothérapie intensive avec autogreffe au CHU de Nantes, ont présenté des « complications graves » entre le 10 et le 13 novembre qui ont abouti au décès de trois d'entre eux, âgés de 61 ans à 65 ans, les 10, 12 et 13 novembre. Un quatrième patient est en réanimation au CHU de Nantes, dans un état grave, un cinquième patient serait hors de danger. Le ministère de la Santé, informé dès la survenue des complications, précise que, « à ce stade, l'origine des complications n'est pas établie ». Néanmoins, il s'interroge sur le remplacement d'un médicament, le melphalan (Alkéran), par le cyclophosphamide (Endoxan), motivé par « les tensions d'approvisionnement européennes sur le melphalan ». Les médecins du CHU de Nantes ont choisi de réserver les lots de melphalan à disposition au traitement des patients atteints de myélome, indication pour laquelle il n'existe pas d'alternative. Ces deux anticancéreux sont des agents alkylants bifonctionnels de la famille des moutardes azotées, leur autorisation de mise sur le marché français date de 1998 pour Alkéran et de 1960 pour Endoxan.
Interrogé par France Info, le directeur général de la santé, Benoît Vallet, confirme qu'il est « difficile aujourd'hui de privilégier une cause quelle qu'elle soit. Cela peut tenir au traitement, à l'organisation, aux moyens de ces chimiothérapies. C'est peut-être un facteur extérieur de type viral, puisque les trois patients ont présenté un profil équivalent d'atteinte cardiaque ». Cette situation reste selon lui exceptionnelle : « Si tous les traitements de chimiothérapie de lymphomes donnaient des résultats comme cela, ils seraient abandonnés depuis longtemps. La séquence de trois patients qui décèdent en quelques jours pour un protocole certes sévère mais classique n'est pas habituelle ».
Le ministère de la Santé ajoute que le traitement par cyclophosphamide est « validé par la communauté médicale », « utilisé pendant des années pour la prise en charge des lymphomes » et « actuellement utilisé par d'autres établissements en France, dans le même contexte, sans que de telles complications aient été rapportées ». Les problèmes cardiaques sont un effet secondaire connu mais rare.
L'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) a lancé de son côté une enquête relative aux produits utilisés. Les premières conclusions des enquêtes de l'IGAS et de l'ANSM sont attendues sous sept jours.
Avec l'AFP.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires