Les commentaires publiés sur notre site traduisent l’effarement des confrères. Antoine C. conseille aux « Sages » de se rendre dans les territoires ruraux, tout comme Cyril M. qui les interpelle : « Allez vous promener en province et cherchez les pharmacies. Vous en trouverez sans doute beaucoup, avec le rideau fermé ! » Sur le même thème, Joël P. aimerait les accueillir « dans nos campagnes » pour qu’ils voient « le travail réalisé, les heures effectuées ». F Xavier H. les invite même à « vivre ma vie une journée, juste une » pour se rendre compte de « tout ce que je fais gratuitement pour le bien de la collectivité » et donc que « notre rémunération n’est pas galvaudée ». De son côté, Dr Gnon s’insurge contre l’idée d’un surcoût de la distribution du médicament à cause des pharmaciens : « On fait de la délivrance autorisée sécurisée en fonction de paramètres de santé et des prestations publiques, dont la permanence des soins (…) On paye notre stock, du coup on a des marges et honoraires pour le gérer avec du personnel hautement diplômé à la place de l’Assurance-maladie, des ROSP indigentes pour donner du générique stocké en masse en faisant économiser énormément sur les prescriptions. C’est du boulot, ce n’est pas gratuit et ça vaut bien plus que ça. »
Thilo D. y voit une brèche pour la vente de médicaments en grande surface : « Bien, fermons les pharmacies et filons le bébé à Leclerc, je suis sûr que la France ira mieux ! » Il n'est pas le seul. Pour Marie-Pierre L., c’est quasiment « un copié-collé des précédents rapports », affichant « toujours les mêmes vieilles idées recuites, les propositions déjà appliquées (baisses des prix, des marges, du nombre d’officines) pour les résultats que l’on sait ». D'après elle, « la santé est un marché juteux et increvable, et certains en veulent un morceau sans faire les efforts nécessaires ».
Double peine
Pascal souligne que « la pharmacie est le seul service de santé, de proximité, qui subsiste encore en milieu rural (jusqu'à quand ?) » et affirme que « si demain on passe de 22 000 à 10 000 pharmacies, la dépense pour la collectivité sera supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui (effet de structure, exemple GMS) ». Éric G. souligne par ailleurs que « de nombreux confrères rachètent déjà les officines en surdensité, réparant ainsi les erreurs de l’État des années 1980 qui a délivré à tort et à travers des créations par voie dérogatoire ». À ses yeux c’est une « double peine » qui mériterait bien un dédommagement.
La Cour des comptes affirme que l’écart entre la rémunération réelle du réseau (7,4 milliards d’euros en 2015) et sa rémunération sur le médicament remboursable (5,4 milliards) est « méconnu des pouvoirs publics comme de l’assurance-maladie ». Sylvie P. se demande « en quoi c’est méconnu (…) vu que tout est compris et annoncé comme base de départ des négos ». Nicolas T., lui, aimerait savoir « d’où ils sortent tous ces milliards, moi je n’en ai pas vu la couleur ». Christian B. n’a « guère l'impression » que ses revenus « soient aussi exorbitants que cela, comparés à ceux de nos politiques, ministres, députés ou autres qui eux, coûtent très cher à notre société ». Pour Anne K., c’est un « rapport de plus pour justifier un salaire sans doute plus confortable que le mien ». D’où la question de François R. et Éric L. : combien coûte la Cour des comptes ?
Amer, Frédéric R. rappelle que les pharmaciens « ont ramé pendant des années pour mettre en place la substitution et voilà le remerciement », notant qu’en 2005 « le Mopral était à 49 euros environ » alors qu’en 2017 le générique est à moins de 8 euros. Il demande : « Quel autre secteur de soins engendre 3 milliards d’euros d’économies annuelles ? » Et ironise : « Courage, la télépharmacie arrive, et Amazon livrera par drones ». Tandis que Gérard H. préfère citer Michel Audiard, « les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».
Pédagogue, Bruno G explique que « la marge des pharmaciens n’a fait que décroître sur les 20 dernières années » et que sans le générique, « de nombreuses pharmacies auraient baissé le rideau ». Pour lui, ce « rapport est scandaleux et démontre, une fois de plus, la volonté des pouvoirs publics de dézinguer notre profession ».
Jean-Louis R. voit dans ce rapport « la mort annoncée d’une profession » et se dit persuadé que ni une mobilisation de la profession, ni les négociations conventionnelles ne pourront y changer quoi que ce soit : « les syndicats ne pèsent pas lourd face au rouleau compresseur bruxellois ». Au contraire, Patrick C. appelle à une mobilisation de toute la profession, syndicats et Ordre compris, « pour défendre et valoriser notre modèle de pharmacie française, tous ensemble ».
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