DEPUIS quelques jours, la rémunération des pharmaciens est devenue mixte. À la marge commerciale est donc désormais associé un honoraire à la boîte de 0,82 euro TTC, qui passera ensuite à 1,02 euro en 2016. Parallèlement, les officinaux peuvent aussi facturer un honoraire complémentaire de 0,51 euro TTC pour la dispensation des ordonnances de 5 lignes et plus, dites « complexes », en contrepartie de la remise au patient d’un plan de posologie. Chaque honoraire justifie d’un code acte spécifique : HD (honoraire de dispensation), HC (honoraire pour ordonnance complexe) et HG (honoraire pour grand conditionnement). Le montant de ce dernier correspond à trois fois le tarif de l’honoraire à la boîte, auquel est appliquée une décote de 10 %, soit 2,21 euros TTC. En ce qui concerne le taux de prise en charge par l’assurance-maladie, il est identique à celui du médicament auquel il est rattaché pour l’honoraire à la boîte, et de 100 % pour l’honoraire accordé pour la délivrance des ordonnances complexes. Quant au ticket Vitale, il doit désormais mentionner les honoraires, selon un décret paru le 27 décembre dernier au « Journal officiel ». Le texte précise que « le montant total des frais d’acquisition des produits délivrés », qui correspond à la somme de l’honoraire et du tarif fixé par le Comité économique des produits de santé (CEPS), doit figurer sur l’original de l’ordonnance délivrée à l’assuré.
Des avis divergents.
« Tout s’est bien passé », affirme Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Même si quelques adaptations des logiciels semblent encore nécessaires, il n’y a pas eu de grand « bug ».
Quoi qu’il en soit, Gilles Bonnefond reste pour sa part convaincu que ce nouveau mode de rémunération compromet l’avenir de l’officine. Notamment parce qu’il ouvre la voie au jeu de la concurrence entre pharmacies, craint le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Certains avaient promis que l’honoraire ne serait pas indissociable du prix, argumente-t-il. Or c’est faux, puisque son montant doit clairement être mentionné sur le nouveau ticket Vitale. De plus, les prix publics indiqués dans la base médicament du CEPS et de la CNAM n’intègrent pas les 82 centimes d’euros. » « On a trompé les confrères, ajoute-t-il. Il faut vite sortir de ce piège. Ce que j’avais dit se confirme. » Pour Gilles Bonnefond, si l’on ne sort pas de ce système, la profession « va vite descendre en enfer. On a raté la réforme. Il est encore temps cette année de rattraper le coup. L’année prochaine il sera trop tard ».
Le pataquès des baisses de prix.
Philippe Besset ne partage bien évidemment pas cet avis, même s’il reconnaît un « petit hic » dans la mise en place de l’honoraire. En effet, la nouvelle rémunération était à peine instaurée que le gouvernement décidait de baisses de prix industriels sur le paracétamol, à l’origine « d’un léger pataquès ». « Ce sont deux événements bien différents », insiste le vice-président de la FSPF. Et d’expliquer que, en décembre, tous les produits à base de paracétamol n’avaient pas le même prix. Par exemple, le tarif du Doliprane 1 g est alors de 1,95 euro. Le 1er janvier, avec la réforme de l’honoraire, le prix facturé au public de cette spécialité passe à 2,01 euros. Le lendemain, avec la décision de réduction tarifaire sur le paracétamol, le Doliprane 1 g repasse à 1,94 euro, mais avec une date d’effet au 20 février. « Ce qui veut dire que jusqu’à cette date, le Doliprane 1 g vaut encore 2,01 en frais d’acquisition », précise Philippe Besset. Attention, une nouvelle vague de baisse de prix est prévue pour le 1er novembre 2015, avec un alignement du tarif de l’ensemble des présentations du paracétamol à 1,90 euro. Mais compte tenu du délai de compensation accordé, ce n’est qu’à partir du 20 décembre que ces spécialités seront facturées à ce tarif. Ce n’est pas fini. Car le 1er janvier 2016, l’honoraire de dispensation sera porté à 1 euro et le prix des paracétamols sera alors de 2,10 euros. « Dès lors, cela ne bougera plus », assure Philippe Besset.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires