Vaccination Covid

Le deuxième rappel à 65 ans, 80 ans… ou pour tous ?

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Publié le 25/03/2022
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Alors que le gouvernement a ouvert le deuxième rappel de vaccin Covid aux personnes de 80 ans ou plus, la Haute Autorité de santé (HAS) a, quant à elle, estimé qu’il faudrait le proposer dès 65 ans, et seulement aux patients les plus à risque. L'instance s’est également prononcée défavorablement pour un deuxième rappel généralisé à toute la population.
Une généralisation non pertinente

Une généralisation non pertinente
Crédit photo : Phanie

Le 14 mars, le gouvernent a ouvert le deuxième rappel de vaccin Covid (quatrième dose) à toutes les personnes de 80 ans et plus, ainsi qu’aux résidents d’EHPAD et d’USLD, en respectant un délai de 3 mois avec le premier rappel.

Cette mesure a été mise en place conformément à l’avis du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale du 18 février, mais sans attendre celui de la Haute Autorité de santé (HAS), qui avait pourtant été saisie sur le sujet par le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Or dans son avis tombé quelques jours plus tard - le 18 mars - la HAS se distingue du gouvernement en estimant qu'à partir de 65 ans, seules les personnes à très haut risque de forme sévère de Covid, ou celles atteintes de plusieurs maladies chroniques, devraient avoir accès à la quatrième dose.

Délai de 6 mois

Autre différence : alors que le gouvernement ouvre la possibilité d'une quatrième dose trois mois après la troisième, la HAS juge que cet intervalle devrait être porté à six mois « pour ne pas diminuer l'adhésion de la population à la vaccination par des rappels trop fréquents ».

Pour justifier sa décision, la HAS avance plusieurs arguments. Tout d’abord, le fait que l’épidémie de Covid-19 semble repartir à la hausse. Ensuite, que la protection conférée par la première dose de rappel commence à diminuer après 3 mois chez les personnes de 60 ans et plus, selon des données en vie réelle en France, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Enfin, elle s’appuie sur une étude israélienne qui a montré qu’une 2e dose de rappel divisait par 2 le taux d’infections confirmées et par 4 le taux de formes graves de la maladie. Et ce avec des données de tolérance rassurantes.

Quid de la généralisation ?

Par ailleurs, la HAS a donné son avis sur l’ouverture de la 4e dose à toute la population. Une généralisation qu’elle estime non pertinente, tout comme l’a indiqué le 17 mars, l'Agence européenne des médicaments (EMA), faute de données suffisantes.

Une étude israélienne publiée le 16 mars dans le NEJM abonde en ce sens. Elle montre qu’une deuxième dose de rappel a peu d'effet chez les jeunes adultes en bonne santé. Au total, 600 travailleurs de santé du centre médical Sheba ont été inclus, dont 270 ont reçu un second rappel de vaccin Pfizer ou Moderna quatre mois après avoir reçu leur troisième dose. Le reste n'a reçu que trois doses de Pfizer.

D'une manière générale, la quatrième dose s'est avérée sûre et a ramené le taux d'anticorps neutralisants à son niveau d'après-troisième dose, mais elle a apporté peu de protection additionnelle. Ainsi, la quatrième dose de Pfizer a fait baisser de 30 % le risque d'être infecté par le Covid-19 par rapport à trois doses, et celle de Moderna les a fait baisser de 18 %.

Selon les auteurs, l'étude semble indiquer que les trois doses de vaccins élaborées contre la forme originelle du Covid-19 ont atteint un plafond en termes de réponse immunitaire et que les rappels ne font que restaurer cette immunité sans l'augmenter.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien