Un amendement ouvrant la voie à la dispensation à l'unité en officine à partir du 1er janvier 2022, a été adopté en commission par les députés, le 27 novembre.
Véritable serpent de mer, la dispensation à l'unité arrivera-t-elle un jour dans les officines françaises ? C'est en tout cas ce que souhaitent des députés de la majorité qui ont adopté en commission un amendement en ce sens le 27 novembre. Dans le cadre de l'examen de la loi anti-gaspillage, ces élus veulent mettre en place la dispensation de médicaments à l'unité (DAU) en pharmacie à partir du 1er janvier 2022, « lorsque leur forme pharmaceutique le permet ». La disposition devra encore être examinée dans l'hémicycle le 9 décembre. Elle a pour le moment reçu un avis de sagesse (ni favorable, ni défavorable) de la secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, Brune Poirson. Si l'amendement était adopté, un décret devra ensuite préciser « les modalités de conditionnement, d'étiquetage, d'information de l'assuré et de traçabilité », mais aussi « les règles de fixation du prix à l'unité de vente au public ainsi que les modalités de prise en charge par l'assurance-maladie ».
La proposition reprend un engagement pris par Emmanuel Macron durant la dernière campagne présidentielle en 2017. « On sait que cela va être difficile mais on tient beaucoup à ce que cela aboutisse », a promis la députée (LREM) Laurence Maillart-Méhaignerie. Élue de la Loire et ancienne infirmière, Nathalie Sarles (LREM) estime que la France est « en retard sur ce sujet alors que cette mesure a déjà montré des résultats dans certains pays, comme le Canada ». La députée a par ailleurs souhaité rappeler les chiffres de l'Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM), selon lequel un Français gaspille chaque année 1,5 kg de médicaments. L'amendement s'appuie également sur les résultats de l'expérimentation de la DAU des antibiotiques menée entre 2014 et 2017 en France et dont les résultats ont été présentés par l'INSERM. « Ils montrent que la DAU a bénéficié d'une forte acceptabilité, de l'ordre de 80 %, de la part des personnels des pharmacies et des patients. » Une amélioration de l'observance des traitements a également été constatée et le nombre de comprimés dispensés a été réduit de 10 %.
L'adoption de cette proposition n'a pas manqué de faire réagir Philippe Besset. Dans un tweet, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime que la dispensation à l'unité est tout simplement « une folie ». Il dénonce par ailleurs le délai d'application prévu et ose cette comparaison, « c'est exactement comme si l'État décidait que nous allions rouler à gauche le 1er janvier 2022 ». De son côté, Gilles Bonnefond rappelle que l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) « a toujours été contre » la dispensation à l'unité. Le président de l'USPO qualifie la DAU de « mesure gadget », dénonce « des risques pour les patients » et estime que d'autres solutions bien plus pertinentes existent, comme l'ajustement des traitements à posologie variable.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais
Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens
Retraite des pharmaciens : des réformes douloureuses mais nécessaires