Une semaine après la publication de l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS) défavorable au maintien du remboursement des spécialités homéopathiques, les réactions politiques se multiplient. Hier, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand se sont opposés sur le sujet.
Au micro de RTL hier, Gérald Darmanin a défendu le rôle de la HAS et estimé qu'il « faut suivre ses avis », précisant qu'il sera « solidaire de la décision de la ministre de la Santé ». Un positionnement qui s'oppose à celui de Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé et souvent présenté comme son mentor en politique. Dans une lettre au Président de la République qu'il a publié sur Twitter, Xavier Bertand rappelle ce qu'il affirme depuis 2005 : « Dérembourser l'homéopathie serait une fausse bonne idée car, aussitôt, on assisterait à un transfert des prescriptions vers la médecine conventionnelle, ce qui, économiquement, coûterait plus cher ». Mêlant les problématiques des emplois menacés et de l'augmentation des prix des produits en cas de déremboursement, Xavier Bertrand appelle Emmanuel Macron à au moins « maintenir un taux de 15 % ». Une modulation du taux de remboursement qui avait été envisagée par Bercy avant même que la HAS ne rende son avis, également défendue par l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO).
Ces dernières semaines, les laboratoires homéopathiques ont multiplié les interventions pour écarter un futur déremboursement, assurant qu'une telle décision menaçait directement 1 000 emplois chez Boiron et 300 chez Lehning et Weleda. Ils sont soutenus par certains élus comme le maire de Lyon Gérard Collomb, Xavier Bertrand, ou encore le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez. Mardi, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a expliqué que la décision finale dépendait d'une « balance » entre les considérations scientifiques et les conséquences sur l'emploi. Une décision finale que la ministre de la Santé Agnès Buzyn devrait prendre la semaine prochaine et qui ne pourra satisfaire tout le monde.
Du côté des pro-déremboursement, le Dr Christian Lehmann a publié une lettre ouverte au Premier ministre Édouard Philippe ce matin sur « Mediapart », rappelant les étapes des 16 mois écoulés pour les signataires de la tribune qui a déclenché les hostilités. Soulignant le contexte international et l'exception française, doutant de la réalité de plus d'un million de signatures en faveur du remboursement, il appelle le Premier ministre à ne pas céder aux pressions. En 2018, le remboursement de l'homéopathie a représenté 126,8 millions d'euros. « C'est à peu près, pour 7 millions de Français, 18 euros de remboursement par an », a commenté Gérald Darmanin. Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), le déremboursement de l'homéopathie entraînerait une perte de marge annuelle de 7 000 euros par pharmacie.
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