Le Quotidien du pharmacien.- Quelle doit être, selon vous, la place du pharmacien dans le système de santé français ?
François Fillon.- Le pharmacien est un maillon indispensable du système de santé. Il est, avec le médecin généraliste, un acteur incontournable du processus de prise en charge des patients au plus près des territoires. Au-delà de la dispensation des médicaments, il a un rôle de conseil et d’orientation. Il demeure essentiel en matière de prévention et d’éducation thérapeutique des malades. La loi HPST avait, en son article 38, ouvert une voie vers de nouvelles fonctions. Nous pourrions à nouveau réfléchir à cela afin que les pharmaciens puissent se former à de nouvelles missions, notamment en matière de vaccination, ou encore qu’il développe sa capacité d’accueil. Je m’engage à ce que l’évolution du métier soit concrètement discutée avec leurs représentants lors de mon quinquennat. Enfin, et de manière générale, le pharmacien, comme tous les professionnels de santé, doit être moins contraint par la bureaucratie ; le développement de l'e-santé devrait pouvoir y contribuer.
Êtes-vous favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d’officine ?
Je suis favorable au maintien du monopole de la vente des médicaments en pharmacie d'officine, car un médicament quel que soit son mode de délivrance reste un médicament et son utilisation n’est jamais anodine. Le pharmacien doit garder un rôle de conseil et de prévention de l’utilisation inappropriée des médicaments. Le monopole permet aussi, par le contrôle des installations, de garder un maillage des territoires pertinent, ce qui est essentiel pour permettre un accès de proximité. Votre métier, celui que vous avez choisi et que vous pratiquez après de longues années d’études, doit rester le conseil et la prise en charge des patients. Il doit être reconnu et maintenu comme tel.
Êtes-vous favorable à l’ouverture du capital des officines à des investisseurs non-pharmaciens, autrement dit, à la création de chaînes de pharmacies ?
En matière de santé, l’indépendance des professionnels libéraux est une garantie de qualité et de proximité. La profession doit pouvoir évoluer en maintenant son indépendance. Le pharmacien doit rester majoritaire dans son officine pour rester le décideur.
Comment comptez-vous résoudre le problème des déserts médicaux qui fragilisent aussi les officines ?
Avec 4 millions de passages par jour dans les pharmacies, le pharmacien est souvent le premier interlocuteur de nos concitoyens en matière de santé. Je lutterai contre les déserts médicaux en développant les maisons médicales pluriprofessionnelles, les structures de petites urgences, ou tout autre exercice médical coordonné comme les équipes de soins primaires ou les soins à domicile. Je souhaite aussi offrir un véritable modèle économique, stable et lisible, à la télémédecine. Dans ce schéma, le pharmacien a évidemment tout son rôle à jouer. Dans les zones sous-dotées sont aujourd’hui testées des cabines d’examen équipées de différents capteurs connectés à une équipe médicale à distance. Le pharmacien pourra, naturellement, faire partie de ces équipes médicales. Les modalités de cette nouvelle organisation seront précisées dans le cadre des Assises de la Santé que je mettrai en place fin 2017.
La dispensation des médicaments à l’unité vous paraît-elle souhaitable ?
La dispensation à l’unité est un leurre. Elle ne permettra aucune économie puisqu'il faudra rémunérer les pharmaciens pour ce nouvel acte de délivrance, sans parler des problèmes de traçabilité. Les conditionnements sont pour la grande majorité adaptés à la posologie. C'est plus la non-observance par les patients qui entraîne l’accumulation des boîtes de médicaments dans leur armoire à pharmacie. Pour lutter contre cela, les pharmaciens seront plutôt invités à poursuivre leur travail de pédagogie auprès des patients.
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