Personnel ou partagé, le dossier médical semble enfin devenir un outil concret pour de nombreux Français. Car le projet ne date pas d’hier. En mai 2004, le ministre de la Santé de l’époque, Philippe Douste-Blazy, est déterminé : chaque Français devra posséder un dossier médical personnel (DMP) d'ici à 2007. Mesure phare de sa réforme de l’assurance-maladie, le DMP doit permettre d'éviter « la réalisation d'actes médicaux redondants ou inutiles » et « d'économiser 3,5 milliards d'euros par an ».
Remis à l'ordre du jour en 2015 par Marisol Touraine dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé, le DMP est tout de même resté à l’état stationnaire pendant près de 15 ans. Jusqu’à ces dernières semaines où les créations s’accélèrent. Et les pharmaciens ne sont pas étrangers à l’affaire.
Plus d'un DMP sur deux créés en officine
En effet, plus de la moitié des 80 000 DMP créés actuellement chaque semaine le sont par des pharmaciens, alors que la campagne nationale auprès des assurés n’avait pas encore démarré. Et cette proportion pourrait encore augmenter. « Nous avons de plus en plus d’officines qui s’équipent pour pouvoir en créer », s’est ainsi félicité le directeur général de l’assurance-maladie, Nicolas Revel, lors du dernier Congrès national des pharmaciens. Selon lui, environ 6 000 officines sont actuellement en capacité d’ouvrir des DMP. Et depuis le début de l’année, environ 186 000 dossiers ont été ouverts en pharmacie.
La profession pourrait faire encore mieux, affirme Gilles Bonnefond, déplorant que de nombreux éditeurs de logiciels soient à la traîne. « Ils ont pourtant été prévenus depuis longtemps, pointe le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ce n’est pas normal, alors que l’on sait que ce dossier est stratégique. » Gilles Bonnefond indique d’ailleurs avoir demandé au directeur général de l’assurance-maladie d’organiser une réunion avec les éditeurs de logiciels afin de régler ce problème. « La création de DMP par les pharmaciens figure dans l’avenant n° 11 que nous avons signé en juillet 2017, rappelle-t-il. Il faut le faire, c’est fondamental pour l’évolution de notre métier. C’est le signe que les pharmaciens font partie intégrante de l’équipe de soins primaires. »
Un outil essentiel de la coordination
Le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Gaertner, ne dit pas autre chose. « Le DMP est un élément majeur de la prise en charge des patients en ville et du maintien des personnes à leur domicile, explique-t-il. Il représente la structure indispensable à la réalisation des missions vers lesquelles notre profession s’oriente, qu’il s’agisse de missions de coordination, de coopération ou d’accompagnement. » L’un comme l’autre invite donc les confrères à se lancer dans la création de DMP. En tout cas, il n’y a pas de temps à perdre. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, souhaite qu’il soit « totalement déployé d'ici à la fin de l'année 2018 ». L'accord-cadre signé le 10 octobre entre l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS) et l'Union nationale des caisses d'assurance-maladie (UNCAM) fixe, pour sa part, l’objectif d'au moins 40 millions de DMP ouverts d'ici à 5 ans.
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