La pharmacie fait à nouveau envie. Témoin de ce regain d'intérêt, la poussée, pour la première fois depuis dix ans, de la génération des moins de 33 ans.
Avec 11 707 inscrits, cette classe d’âge se place désormais en tête juste devant les 53-57 ans. Comme le souligne le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) dans son Panorama de la démographie des pharmaciens au 1er janvier 2017, le numerus clausus n’est pas étranger à ce phénomène puisque de 2 250 en 2001, il est passé à 3 095 en 2016, soit une hausse de 37,5 %.
Certes, tous les nouveaux diplômés ne se retrouvent pas inscrits à l’Ordre. « L’évaporation » observée les années précédentes a même tendance à se renforcer : le taux de non-inscrits dans les trois ans suivant l'obtention du diplôme (1) est de 36,6 % contre 35,2 % en 2015.
L’officine profite toutefois de cette embellie démographique : la génération montante décide de s’installer plus jeune et 66 % des nouveaux entrants optent pour le statut d’adjoint.
Ce flux se traduit par une augmentation du nombre d'installation, la proportion d’adjoints franchissant le pas a ainsi augmenté de 16 % en 2016, et 721 adjoints sont devenus titulaires. Plus de la moitié avait moins de 36 ans. À noter par ailleurs que, parallèlement, les effectifs d’adjoints intérimaires ont diminué de 14,4 % en un an. « C’est le signe que les adjoints sont plus présents à l’officine et sans doute appelés à remplacer des titulaires qui terminent leur carrière », se félicite Jérôme Parésys-Barbier, président de la section D (adjoints).
Le maillage résiste
La profession peut donc souffler. La relève est assurée. Les pharmaciens de plus de 60 ans et les quelque 1 157 de plus de 66 ans peuvent envisager l’avenir avec plus de sérénité. Ce coup de jeune suffira-t-il pour autant à inverser la courbe démographique de l’officine ? En effet, la moyenne d’âge des titulaires a pris deux ans en dix ans (50,3 ans) alors la moyenne de la profession se situe à 46,7 ans. De même, ce « baby-boom » parviendra-t-il à endiguer le phénomène du report du départ à la retraite des 58-67 ans (2) ?
Celui-ci contribue en tout cas à stabiliser le réseau officinal qui, avec 21 403 officines en Métropole (plus 623 en Outre-Mer) et 26 840 titulaires (plus 706 en Outre-Mer), continue d’assurer l’accès au médicament. « À l’heure où l’on parle de désertification médicale, il est important de rappeler que les pharmaciens garantissent l’offre de soins. Ils sont le premier point de contact de la population avec un professionnel de santé », souligne Isabelle Roussel, présidente du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens de Haute-Normandie en charge des études démographiques auprès du Conseil national de l’Ordre. Elle rappelle ainsi que 4 Français sur 5 disposent d’une pharmacie dans leur commune.
Cependant, le maillage officinal, bien qu'homogène - plus d’un tiers des officines se situent dans des communes de moins de 5 000 habitants -, est marqué par quelques coups de canif. Ainsi, on note une concentration plus forte des jeunes installés (moins de quarante ans) dans la moitié nord-est de la France. Faut-il y voir la conséquence du manque de mobilité qui sévit parmi les jeunes ? Peut-être. Car, si en 2016, 68 % des nouveaux inscrits ont choisi d’exercer dans la région où ils avaient terminé leurs études, ils étaient 64 % en 2015.
Cette tendance a cependant peu d’impact sur l’équilibre du réseau officinal. Pas davantage que la disparition de 188 pharmacies en 2016 (3). Marcelline Grillon, vice-présidente de la section A, est formelle : « la restructuration du réseau n’a pas de conséquence sur l’accès au médicament ».
Alors que les années précédentes l’Ordre s’alarmait de « la fermeture d’une officine tous les deux jours », ce constat est interprété aujourd'hui avec plus de nuance par les instances ordinales. Certes, 55 % de ces fermetures relèvent de motifs essentiellement économiques, notamment de liquidations judiciaires. Mais pour les autres 45 %, il s’agit d’un choix délibéré de regroupements. Ceux-ci s’opèrent principalement dans des zones urbaines ou, comme le précise Marcellin Grillon, « dans des communes de 2 500 à 3 000 habitants qui ont bénéficié en leur temps de dérogation, donc de licences en surnombre et où il n’y a pas lieu d’avoir deux pharmacies ».
En tout état de cause, « ces pharmacies se regroupent de manière intelligente », affirme la conseillère ordinale.
(1) Taux calculé sur la base du numerus clausus de l’année d’entrée en formation.
(2) L’âge moyen du départ à la retraite des titulaires se situe à 64,3 ans.
(3) Soit 4,4 % de plus qu’en 2015.
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