La scission est consommée. Si les deux syndicats représentatifs de la profession restent sur une plateforme commune de revendications, ils n’useront pas des mêmes méthodes pour se faire entendre.
L’Union des syndicats des pharmaciens d’officine (USPO) appelle à une semaine de contestation dont le point d’orgue sera une journée de mobilisation générale, le 26 janvier. Un moyen de pression que refuse d'employer, pour l'instant, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En effet, en abandonnant la voie de la négociation, le syndicat ne veut pas se priver d’une chance de « réussir la convention car la profession ne peut souffrir aucun délai ».
Principale pomme de discorde entre les deux organisations ? La lettre d'orientations adressée le 2 janvier par la ministre de la Santé au directeur général de l’assurance-maladie. Plus précisément, c’est sur la teneur de cette missive que l’USPO maintient sa décision de mobiliser la profession, tandis que la FSPF se déclare, au contraire, « en capacité de débuter les négociations ». La FSPF prend acte de la volonté de l’État de limiter l’impact sur l’économie de l’officine de la variation du prix de certains médicaments (voir ci-dessous).
Gilles Bonnefond, président de l’USPO, ne fait pas la même lecture. Il se sent même trahi dans ses espoirs : « A l’analyse de cette lettre, c’est une énorme déception puisque la ministre avait répété à plusieurs reprises qu’elle voulait un financement pluriannuel pour réussir la convention, engagement que je ne retrouve pas dans cette lettre. » Pour lui, le gouvernement ne va pas assez loin : « Les seules intentions économiques sont de modifier petit à petit la rémunération pour atténuer les effets des baisses de prix qui vont s’amplifier pour financer l’innovation. » Il ajoute : « Si vous voulez faire avancer la convention, il faut y mettre du carburant. Sinon, elle restera au garage. »
Honoraire à deux euros
Philippe Gaertner, président de la FSPF, salue, à l'inverse, de nouvelles propositions d’ajustements de la part du gouvernement comme la ROSP génériques qui pourra faire « l’objet d’une adaptation ». En revanche, il conteste l'idée de la ministre d’effectuer « une analyse plus large de l’économie officinale, liée à la fois aux autres sources de revenus des pharmaciens et à la performance d’exploitation ». Pour le coup, l'USPO rejoint la FSPF sur ce point, les deux syndicats refusant catégoriquement que les négociations conventionnelles s’enhardissent sur d’autres champs que celui du périmètre des 6,5 milliards d’euros du médicament remboursable.
Le président de la FSPF annonce par ailleurs qu’il posera d’autres conditions sur la table des négociations : un engagement financier pluriannuel de l’État sur la durée de la convention, la création d’un honoraire à deux euros par ordonnance, ainsi qu’une rémunération pour toutes les interventions du pharmacien sur la prescription.
Missions rémunérées
Certes, la ministre semble soucieuse de développer les missions du pharmacien. Mais Philippe Gaertner prévient que ces intentions ne devront pas rester lettre morte et que ces missions devront être assorties d’une rémunération. L’objectif étant, rappelle-t-il, d’aboutir à une convention ambitieuse et équitable pour toutes les pharmacies.
La FSPF se déclare par ailleurs en totale contradiction avec le projet d’ordonnance sur le maillage officinal, notamment en raison de la réintroduction de la voie dérogatoire. Un projet qui inquiète également Gilles Bonnefond.
Le président de l'USPO n’en démord pas : « Le cadre de la négociation se complique sérieusement. J’attends une forte mobilisation de protestation le 26 janvier », conclut Gilles Bonnefond, qui dit regretter la division de la profession sur ce point.
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