L’INTERSYNDICALE semble avoir du plomb dans l’aile. Lors d’une conférence de presse organisée à la sortie de la dernière réunion sur l’évolution de la rémunération avec l’assurance-maladie, le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond, annonce que les négociations sont dans l’impasse. Ce qui n’est absolument pas le sentiment de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En effet, lors de cette réunion, l’assurance-maladie a mis une nouvelle proposition sur la table permettant de transférer 45 % de la rémunération de l’officine en honoraires, soit un peu plus de 2,5 milliards d’euros. « C’est une avancée extrêmement importante d’un point de vue professionnel », estime Philippe Besset, vice-président de la FSPF, qui indique que cette solution sera prochainement présentée aux instances de la FSPF. Pour lui, compte tenu de l’évolution de l’économie de l’officine dans les deux prochaines années, cette réforme permettra d’améliorer la situation des pharmacies.
Concrètement, ce projet prévoit la mise en place d’un honoraire à la boîte d’1 euro et d’un honoraire de dispensation de 0,50 euro pour les ordonnances complexes de plus de cinq lignes. Cette rémunération sera liée à la remise au patient d’un plan de posologie, souligne Philippe Besset. Il précise : « il y aura aussi un reprofilage de la marge dégressive lissée. L’assurance-maladie contribuera également, afin d’atténuer l’impact du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). » La proposition de l’assurance-maladie est « conforme à nos orientations, même si nous voulons aller plus loin dans la déconnexion de la rémunération avec les prix et les volumes », ajoute-t-il. En effet, le projet présenté se compose d’un honoraire à la boîte encore lié aux volumes de médicaments délivrés et d’un début d’honoraire de dispensation complètement indépendant des prix et des volumes. « Cela va bien au-delà des 25 % d’honoraires que nous avions obtenus en mars 2012, puisque l’on passerait directement à 45 % », se félicite Philippe Besset.
Opération voici les clés.
Pour Gilles Bonnefond, il ne s’agit que d’une « vague piste pas encore validée ». « La réunion n’a permis aucune négociation faute d’un cadre économique fixé par le gouvernement », affirme le président de l’USPO, qui conditionne la reprise des discussions sur la rémunération à des engagements du gouvernement pour modifier l’article du PLFSS sur la transparence des remises sur les génériques et à la mise en place d’un contrat économique pluriannuel avec l’État. En attendant d’obtenir ces garanties, l’USPO, rejoint par l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), ont décidé de lancer une action. Les deux organisations appellent leurs confrères à adresser un courrier à Marisol Touraine accompagné des clés de leur officine. « Veuillez trouver les clés de ma pharmacie afin de vous faire part de ma déception, mais aussi de ma mobilisation pour défendre notre métier, indique la lettre type concoctée par l’USPO et l’UNPF, dont une copie sera à envoyer également aux élus députés, sénateurs ou maires. Vous pouvez vous en servir pour fermer définitivement ma pharmacie ou pour ouvrir les négociations attendues par toute notre profession. »
Les négociations sur l’évolution de la rémunération avec l’assurance-maladie et la remise en cause des conditions commerciales par l’État, sont deux dossiers bien séparés, estime, à l’inverse, la FSPF. « Nous n’excluons pas de faire des actions à l’égard du gouvernement afin qu’il amende son texte relatif aux remises sur les génériques inscrit dans le PLFSS », indique d’ailleurs Philippe Besset. Car, pour lui, la réglementation encadrant les remises sur les génériques doit être réformée. « Nous revendiquons une modification de cette réglementation qui permettrait qu’une partie des ressources provenant des conditions commerciales puisse alimenter de futurs honoraires conventionnels », explique-t-il. Selon lui, il n’y a pas d’alternative : « D’un point de vue économique, ce serait dramatique que rien ne soit fait pour modifier la réglementation sur les conditions commerciales sur les génériques. D’un point de vue professionnel, ce serait dramatique de passer à côté de la réforme de l’honoraire conventionnel. »
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