Une audition publique sur les adjuvants aluminiques dans les vaccins s’est tenue hier à l’Assemblée Nationale, réunissant une dizaine d’experts du sujet : scientifiques, représentants d’associations de patients, de laboratoires pharmaceutiques et d’agences de santé. Les adjuvants aluminiques sont utilisés depuis les années 1920 dans la majorité des vaccins mis sur le marché dans le monde, et dans la totalité des vaccins pédiatriques. Ces adjuvants ont pour rôle de stimuler la réaction immunitaire, qui, sans leur présence, serait trop faible ou trop peu durable. Pour la plupart des scientifiques, le profil de tolérance des sels d’aluminium est excellent. En revanche, certains pensent qu’ils sont à l’origine de pathologies, comme la myofasciite à macrophages, chez des personnes prédisposées génétiquement. C’est ce que soutient l’association de malades E3M, qui milite pour la réintroduction des vaccins sans sels d’aluminium et la reconnaissance pleine de leur maladie. Mais des doutes planent encore, et on peine à démontrer les liens entre la maladie et les adjuvants. D’autant plus que la myofasciite à macrophages caractérisée par une intense fatigue, des douleurs musculaires et des troubles cognitifs, n’est quasiment décrite qu’en France, alors que la vaccination avec des sels d’aluminium est courante dans le monde entier. De plus, les autorités s’inquiètent de cette polémique qui vient fragiliser la confiance des Français en la vaccination. Or « se vacciner c’est se protéger », insiste la ministre de la santé Marisol Touraine, en rappelant que « depuis l’an 2000, grâce à la vaccination, on ne recense plus que 49 décès par tétanos, 10 par rougeole et 50 par méningite chaque année ».
Par ailleurs, « aucun pays au monde, ni instance nationale ou internationale, ne remet en cause la vaccination avec adjuvant aluminique. Ni l’OMS, ni l’Académie de médecine, ni l’ANSM, ni le Haut Conseil de santé publique », évoque le Pr Daniel Floret (président du Comité technique des vaccinations). Toutefois, les autorités de santé reconnaissent que des études sont nécessaires afin de mieux connaître les effets de ces adjuvants. Dans cet objectif, l’ANSM a accordé 150 000 euros pour financer les recherches du Pr Romain Gherardi (hôpital Henri Mondor, Paris) sur la « biopersistance et neuromigration des adjuvants aluminiques des vaccins ». Un comité scientifique indépendant a été mis en place afin d’encadrer ces travaux controversés. Les résultats sont attendus pour 2016.
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