Le Quotidien du pharmacien.- Quelles sont les raisons qui vous poussent, en tant que président de syndicat, à inviter les pharmaciens à se rapprocher d’un groupement ?
Pierre-Olivier Variot.- Toute relation avec les laboratoires est très chronophage. Or aujourd’hui, plus que jamais, il est indispensable que les titulaires et leurs équipes puissent dégager du temps pour la prise en charge des patients au comptoir. Il faut donc déléguer ces fonctions achats aux groupements, qui plus est, ont une force de frappe beaucoup plus importante que celle d’un pharmacien isolé. En un mot, ils savent mieux faire et font gagner plus d’argent à leurs adhérents.
Ces constats se vérifient-ils encore plus cette année alors que les négociations avec les fournisseurs se sont déroulées dans un contexte difficile ?
Les négociations sont toujours tendues mais il est vrai qu’elles l’ont été cette année plus que jamais. Quand je parle des gains auxquels peuvent contribuer les groupements, il s’agit aussi d’économies de stress. Ce qui n’est pas négligeable compte tenu du rythme de travail que les pharmaciens subissent aujourd'hui dans un contexte de pénurie de personnels.
Face à une autre difficulté majeure que rencontrent les pharmaciens actuellement, c’est-à-dire les nombreuses ruptures en médicaments, pensez-vous que l’adhésion à un groupement puisse également être un atout ?
Mon avis sera plus partagé sur cette question. Si le groupement a un contrat avec un seul génériqueur, je pense que cette relation constitue un avantage pour le pharmacien affilié car son groupement, en raison de sa force de frappe, sera en pole position quand il passera commande. En revanche, si le groupement détient des contrats avec plusieurs génériqueurs en fonction des molécules, sa force de frappe va être diluée et il ne sera numéro un chez aucun d’entre eux. Une situation qui ne favorisera donc pas ses adhérents.
L’enjeu économique que représente l’affiliation à un groupement ne vous semble donc pas anodin en tant que président de syndicat. Comment ce rôle s’articule-t-il avec le vôtre, notamment à quelques semaines du début des négociations sur le volet économique de la convention ?
Nos objectifs respectifs sont certes économiques et visent la pérennité de l’entreprise officinale mais chacun de nous, syndicats et groupements, détient un rôle très particulier.
Cependant, notre complémentarité dépasse aujourd’hui le domaine de l'économie. En effet, alors que les groupements avaient initialement pour vocation de favoriser les groupements d’achats, ils sont désormais de plus en plus impliqués - comme les syndicats - dans l’évolution du métier de pharmacien. Pour résumer, en tant que syndicats nous écrivons la feuille de route, et les groupements la transcrivent au niveau de leurs affiliés.
De nombreux groupements s’efforcent ainsi de « mettre en musique » les avancées conventionnelles signées par les syndicats, à travers les formations qu’ils proposent à leurs adhérents, la communication, les outils numériques qu’ils mettent en place jusque dans les agencements du point de vente qu’ils élaborent… Ils sont sur le terrain de véritables relais des décisions prises entre les syndicats et l’assurance-maladie.
Vous pouvez donc compter sur ces vecteurs que sont les groupements ?
Et encore davantage puisqu’il n’est pas rare que des groupements testent eux-mêmes des prises en charge inédites. Si ces expériences sont probantes, elles peuvent être traduites au niveau conventionnel et profiter ainsi à l’ensemble de la profession et des patients.
Il est vrai que dans ce rôle de précurseur, les groupements sont aujourd’hui de plus en plus concurrencés par les URPS qui n’hésitent pas à travers des expérimentations article 51 à devenir elles aussi des fers de lance en matière d’innovation. Je pense tout particulièrement au dépistage des risques cardiovasculaires ou à l’arrêt du tabac, objets d’une expérimentation par l’URPS des Hauts-de-France que nous allons aborder très prochainement lors de négociations avec l’assurance-maladie.
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