Depuis l’inauguration en grande pompe de la première pharmacie communale le 13 octobre 1903 à Reggio Emilia, chef-lieu de la province de l’Emilie-Romagne, de nombreux établissements ont été ouverts dans tout le pays. Aujourd’hui, quelque11689 pharmacies communales appartenant à des entreprises publiques régionales ou locales, sont implantées d’un bout à l’autre de la Péninsule dont 1015 dans le nord, 564 dans le centre et 108 dans le sud. Leur rentabilité dépend de l’engagement économique des administrations locales qui ne veulent pas toujours investir dans ce secteur, comme la Lombardie, et aussi de la façon dont elles sont gérées. Considérées comme les petites Cendrillon de la pharmacie italienne, ces officines sont pour la plupart déficitaires. Pour éviter de devoir remettre ponctuellement au pot et se débarrasser de ce qu’elles considèrent comme un vaste problème, certaines communes préfèrent vendre. C’est le cas par exemple à Sesto San Giovanni, une importante commune située aux portes de Milan et qui abrite plusieurs grandes multinationales, où les 10 pharmacies communales ont été rachetées en 2018 par une coopérative de pharmaciens privées, Cef, moyennant un chèque de 18 millions d’euros. Une autre solution est d’ouvrir une partie du capital social à des investisseurs privés. C’est le cas en Toscane où le groupe Farmiva spécialisé dans la distribution intermédiaire, s’est offert 49 % du capital social de Farmacie comunali riunite (FCR) en 2018. « L’arrivée d’un investisseur privé bien introduit dans le secteur des pharmacies est forcément un plus » s’est justifiée à l’époque l’administration locale. Mais ce n’est pas l’avis en revanche de l’association des pharmacies communales italiennes, Assofarm qui déplore cette politique. « Vendre les bijoux de famille est toujours une erreur », a ainsi toujours affirmé Venanzio Gizzi ex-président d’Assofarm et président de l’Union européenne des pharmacies sociales (UEPS).
Des conditions de travail en cause
Vendre les bijoux de famille c’est ce que la mairie de Rome a toujours plus ou moins évité de faire. Depuis des années pourtant, les 45 pharmacies communales gérées par Farmacap, la société sanitaire municipale qui gère ces établissements sont ponctuellement à deux doigts de la faillite. Et la mairie doit tout aussi ponctuellement dégager des ressources pour sauver ses officines. En 2022, la mairie a présenté un nouveau plan de sauvetage accompagné d’un chèque de 22 millions d’euros avec à la clef, le redressement des comptes, l’ouverture de 11 nouvelles pharmacies dans les zones les plus reculées et des embauches pour étendre les heures d’ouverture. Enfin, une amélioration des conditions de travail des 146 pharmaciens et employés notamment au niveau des salaires. « Les salaires sont insuffisants, le montant des tickets-restaurants est à 5,25 euros depuis 15 ans et pas de primes et des horaires massacrants à cause du manque de personnel » s’agace Simone Marazziti du syndicat UGL Terziario. Dossier à suivre…
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