Innover, produire, distribuer et prescrire. Le ministère de la Santé et de la Prévention ainsi que le ministère de l’Industrie et de l’Énergie ont présenté hier une nouvelle feuille de route 2024-2027 « pour garantir la disponibilité des médicaments et assurer à plus long terme une souveraineté industrielle ». Y figurent la plupart des initiatives prises au cours des dernières années mais aussi quelques leviers innovants, notamment dans la prescription et la dispensation.
Le DP-Ruptures, familier des officinaux et développé par l’Ordre des pharmaciens, sera désormais la pierre angulaire du système d’information de l’ensemble de la chaîne du médicament. Il contribuera à davantage de transparence et d’agilité dans les prises de décision. « Nous avons besoin d’un outil partageable qui fournisse de l’information et s’il répond aux besoins, le DP-Ruptures sera accepté par tous », a précisé Grégory Emery, directeur général de la Santé, ajoutant que les travaux d’élargissement du DP-Ruptures seraient menés cette année. « Il n’a cependant pas vocation à remplacer les initiatives privées et/ou individuelles qui ont fait leur preuve. »
Autre mesure figurant à la feuille de route présentée hier par le ministère de la Santé et de la Prévention ainsi que par le ministère de l’Industrie et de l’Énergie, deux tableaux, l’un de concordance pour les médecins, l’autre d’équivalence pour les pharmaciens. En cas de pénurie de médicaments essentiels, les pharmaciens pourront se reporter à un tableau d’équivalence établi par l’ANSM, après information de la HAS, qui leur permettra de remplacer les médicaments en rupture par un médicament disponible, sans solliciter le prescripteur. L’idée n’est certes pas nouvelle, et les pharmaciens ont déjà pu expérimenter ce concept de switch à l’hiver 2022-2023 avec le paracétamol, ou encore à l’hiver 2023-2024 avec les corticoïdes. Cependant, insiste Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), « l’objectif est désormais de pouvoir anticiper en travaillant en collaboration avec la Haute Autorité de santé (HAS) afin de mettre des priorités sur les spécialités en situation de monopole ou en situation complexe de tensions ou de pénuries afin de pouvoir mobiliser à froid ces tableaux d’équivalence qui seraient déployés lorsque la situation le nécessite ». Ces premiers tableaux d’équivalence seront disponibles dès cette année, promet la feuille de route. Par effet miroir, les logiciels d’aide à la prescription (LAP) seront alimentés d’une liste de concordance des médicaments. Après une phase pilote, ce dispositif devrait en mis en place progressivement à partir de 2025.
Concernant le bon usage du médicament, autre levier de la lutte contre les pénuries, le gouvernement puise essentiellement dans la boîte à outils que constitue la Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2024 avec la dispensation à l’unité (DAU) qui peut être imposée aux pharmaciens en cas de tensions. Ou encore les ordonnances conditionnelles d’antibiotiques après la réalisation d’un TROD. L’information des patients doit être renforcée par des campagnes grand public, notamment sur les antibiotiques, mais aussi par l’instauration d’une « ordonnance de non-prescription ». Comme le détaille Grégory Emery, « celle-ci doit expliquer pourquoi il n’est pas prescrit d’antibiotique et préciser la conduite à tenir si les symptômes persistent ».
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