Surprise ! Sur le portail de commande, seuls deux vaccins Covid sont disponibles : le Comirnaty Omicron XBB.1.5 de Pfizer-BioNTech (dans ses trois versions selon les tranches d’âge) et le Vidprevtyn Beta de Sanofi. Celui-ci est disponible de façon temporaire en alternative aux vaccins à ARNm, en seconde intention donc, et dans l’attente de l’arrivée probable du vaccin de Novavax en novembre, sous réserve qu’il obtienne une autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne.
Alors pas de Spikevax pour cette campagne ? La filiale française de Moderna ne veut pas y croire. D’abord parce que le 23 août, la présidente du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (COVARS) Brigitte Autran, a précisé que deux vaccins à ARNm seraient disponibles en France, ceux de Pfizer et de Moderna. Ensuite parce que le laboratoire a choisi de mener de front les démarches aux deux voies d’accès au marché, justement pour garantir la mise à disposition de son vaccin : celle du contrat européen pour une mise à disposition aux États membres, formule inédite choisie pour les vaccins Covid depuis qu’ils existent, et celle du parcours de droit commun après AMM européenne, avec évaluation par la Commission de transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) et négociation du prix avec le Comité économique des produits de santé (CEPS). Moderna poursuit les échanges avec la Commission européenne, (cette dernière est parvenue à un accord avec Pfizer en mai dernier) et se montre optimiste sur une finalité à court terme.
Un quasi-monopole
Sandra Fournier, à la tête de Moderna France, reste persuadée que le vaccin arrivera bientôt dans les officines françaises. « Nous faisons tout pour. Nous avons des millions de doses sur le sol européen, avec un packaging français, prêtes à être distribuées. Car nous avons commencé la production, à risque, dès que nous avons soumis notre dossier à l’EMA début juillet. Nous avons même fourni des données cliniques sur ce vaccin adapté à XBB.1.5 et, à ce jour, nous sommes le seul laboratoire à l’avoir fait. » Une absence de la campagne automnale serait d’autant plus mal vécue que Moderna a répondu aux attentes des autorités et des pharmaciens, par exemple en étant le seul laboratoire à ajuster la taille de ses flacons qui sont passés de 20 à 5 doses avant de devenir unitaires en 2022. Et à l’heure où le mot « pénurie » est sur toutes les lèvres, il est peu compréhensible de rester sur une offre quasi monopolistique. « Un portefeuille diversifié permet de donner le choix aussi bien aux professionnels de santé qu’aux usagers du système de santé », rappelle Arnaud Chéret, directeur médical de Moderna France.
Interrogée par « Le Quotidien », la Direction générale de la Santé (DGS) compte aussi sur la présence du vaccin de Moderna durant la campagne automnale. Soulignant que « les contrats européens se poursuivent mais certains se terminent progressivement », que la France souhaite désormais « un retour au droit commun pour l'accès au marché » et que Moderna a justement fait cette démarche, la DGS l'assure : « Lorsque cette procédure sera finalisée, ces vaccins adaptés seront proposés aux Français, durant la campagne automnale. » Et de préciser que la liste des vaccins destinés à cette campagne n'est pas figée et « évolue en fonction de la disponibilité des vaccins en France ». Des déclarations de bon augure.
À prendre en compte : si la voie d'accès retenue est celle de droit commun, le vaccin de Moderna ne sera alors pas disponible sur le portail de commande habituel, réservé aux stocks État, mais selon le circuit classique de commandes des officines.
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