Pour marquer la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a choisi cette année une campagne choc pour sensibiliser la population, et les décideurs politiques, aux influences néfastes de l’industrie du tabac sur les jeunes. « L'industrie s'efforce d'atteindre les enfants et les jeunes pour remplacer les clients qui arrêtent de fumer ou qui meurent. Et elle réussit », écrit l’organisation dans son rapport publié le 23 mai.
Et comment ! « L’histoire se répète, et l’industrie du tabac essaie de vendre la même nicotine à nos enfants en changeant l’emballage », regrette le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. Rien qu'en France, par exemple, l’e-cigarette séduit aujourd’hui davantage les jeunes. C'est la première fois en 2022 que l'expérimentation de la cigarette électronique, son usage au cours du mois et son usage quotidien dépassent ceux des cigarettes de tabac chez les adolescents de 17 ans, selon l'enquête sur la consommation des substances psychoactives à 17 ans ESCAPAD. L’expérimentation de l’e-cigarette touche ainsi 56,9 % des jeunes en 2022 (52,4 % en 2017) contre 46,5 % pour la cigarette classique (59 % en 2017).
L’histoire se répète, et l’industrie du tabac essaie de vendre la même nicotine à nos enfants en changeant l’emballage
Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS
D'autres produits sont également le fruit de « stratagèmes trompeurs » de l'industrie du tabac. « Les cigarettiers intensifient leurs efforts pour attirer cette population en mettant sur le marché de nouveaux produits tels que les puffs ou les nicopouches, constate l'ACT-Alliance contre le tabac. Présentés avec des emballages colorés, des arômes proches de ceux des confiseries, à des prix abordables, ces derniers sont particulièrement accessibles et attractifs pour les jeunes d’autant que les fabricants usent de stratégies marketing agressives, notamment sur les réseaux sociaux, pour cibler les enfants et les adolescents. » Dans une enquête publiée le 28 mai, La Ligue contre le cancer constate que plus de 8 jeunes de 15 à 34 ans sur 10 (85 %) sont exposés au tabac à travers les plateformes, les réseaux sociaux et les médias digitaux et que ces plateformes et médias ont une réelle influence sur l’incitation des jeunes à fumer : pour 46 % des jeunes, l'exposition à la consommation de tabac à travers les plateformes et médias digitaux leur donne envie de fumer.
L’urgence d’une réglementation stricte
« Reconnue comme étant l'une des drogues les plus addictives du monde, la nicotine consommée sous forme de produits à base de tabac (cigarettes, tabac chauffé tel IQOS ou snus) demeure la première cause de mortalité évitable en France. Cette substance reconnue comme vénéneuse par un règlement de l’Union européenne est particulièrement dangereuse pour la santé physique comme mentale des jeunes, ces produits augmentant également le risque de troubles anxieux et dépressifs », souligne Marion Catellin, directrice de l'ACT-Alliance contre le tabac, qui demande la décommercialisation progressive des produits du tabac et de la nicotine. L'OMS demande de son côté une réglementation stricte : « Les entreprises lancent rapidement de nouveaux produits qui contournent, ou ne sont pas inclus, dans les lois actuelles, et utilisent tous les moyens disponibles pour accroître leur part de marché avant que la réglementation ne les rattrape. »
Mais légiférer n'est pas une utopie. Le Royaume-Uni discute actuellement d'un projet de loi visant à interdire la vente de cigarettes à toute personne née après le 1er janvier 2009, y compris après sa majorité.
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