À l’instar des pharmacies d’officine, les sites de production pharmaceutique appellent à être exemptés des éventuels futurs délestages en gaz et électricité.
« Il est essentiel que les 271 sites de production pharmaceutique en France fassent partie des établissements prioritaires pour l’alimentation en énergie », alerte le LEEM. Car les délestages éventuels, tournants et d’une durée de 2 heures, évoqués par le gouvernement auraient des effets délétères sur la production pharmaceutique, et donc à terme sur l’approvisionnement de la France en médicaments.
En effet, fait valoir le LEEM, « une coupure d’électricité non anticipée et d’une durée supérieure à 15 minutes peut aboutir à une interruption d’activité. Plusieurs heures, voire plusieurs jours, sont alors nécessaires à la remise en activité des sites industriels, et jusqu’à plusieurs semaines dans le cas d’un site de bioproduction, auxquelles s’ajoute la destruction des médicaments dont la production était en cours ». Or très peu de sites pharmaceutiques disposent de groupes électrogènes pour pallier de telles coupures, à la fois « pour des raisons de coût et de sécurité liées au stockage de l’essence ». Quant au gaz naturel, il s’agit d’une « matière première sans alternative, indispensable à la synthèse chimique d’un grand nombre de médicaments essentiels ».
Pourtant, et alors que des exemptions pour certains établissements peuvent être décidées par arrêté préfectoral, « de nombreux laboratoires pharmaceutiques se voient actuellement notifier par les préfectures leur caractère non prioritaire, tant pour l’électricité que pour le gaz ». Le président du LEEM, Thierry Hulot, demande aux autorités de prendre position au niveau national afin de « protéger l’intégralité des acteurs de la filière du médicament en évitant tout délestage énergétique » car « l’accès des Français à leurs traitements (est) un enjeu de santé publique ».
Une demande également formulée par l’Académie nationale de pharmacie. « Arrêter l’approvisionnement de ces usines en électricité ne manquera pas d’entraîner l’arrêt des centrales de traitement d’air, l’arrêt de la boucle d’eau… et l’obligation de jeter des lots. Cela aurait donc des répercussions immédiates et à long terme sur la disponibilité de l’ensemble des produits de santé et sur la qualité des soins », explique le vice-président, Bruno Bonnemain.
Du côté des officines, une telle exemption est étudiée par le gouvernement. Le président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Pierre-Olivier Variot, s'attend à un retour ministériel rapide. Il rappelle qu'en cas de délestage, les pharmaciens risquent de perdre les médicaments thermosensibles dans leur réfrigérateur, notamment les vaccins grippe et Covid. De plus, les confrères seront dans l’incapacité de travailler sans informatique et les portes automatiques se bloqueront en position ouverte.
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