En ce qui concerne les négociations salariales, les salariés sont sortis les mains vides à l’issue de la rencontre entre leurs syndicats et l’Union des syndicats de pharmacies d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Les négociations de l’avenant économique à la convention pharmaceutique continuent de peser sur les négociations salariales pour la branche officine. Pour la quatrième fois depuis le début des négociations pour 2024, les salariés sont sortis bredouilles de la réunion de la Commission paritaire permanente de négociation et d'interprétation (CPPNI) du lundi 3 juin, les représentants des titulaires ne souhaitant pas s’engager dans de nouvelles conditions tarifaires tant qu’ils ne disposent pas de visibilité quant à l’issue des négociations avec l’assurance-maladie. Et encore, Daniel Burlet, chargé des affaires sociales auprès de l’USPO, reste prudent : « Si nos entreprises disposaient d’une meilleure visibilité, cela ne veut pas dire que les décisions prises porteraient immédiatement leurs fruits. En tout cas, pas avant mi 2025 ! »
« La FSPF avait un mandat à zéro pourcent d’augmentation, l’USPO avait un mandat mais ne l’a pas présenté », déplore David Brousseau, secrétaire fédéral pharmacie d’officine de FO. Philippe Besset, président de la FSPF, avait déjà annoncé qu’en l’absence de mandat, il souhaitait rouvrir ces négociations avec les syndicats de salariés sur les classifications. Dans ce registre, l’USPO a émis l’option d’une grille de raccordement. « Cette solution nous permettrait de revaloriser les bas salaires en fonction de l’augmentation du SMIC sans devoir à chaque fois revaloriser les salaires plus élevés », explique Daniel Burlet. Pas question pour Christelle Degrelle, représentante du syndicat CFE/CGC au niveau national, de scinder la grille entre non-cadres et cadres, « pour ces derniers les revalorisations du point seraient moins fortes, redoute-t-elle. Il est hors de question de négocier dans de telles conditions et de laisser les cadres stagner. » Son confrère de FO met également en garde : « Nous nous retrouverions alors avec deux points différents sur certains coefficients, cela ne serait pas pertinent et risquerait de tasser l’écart des grilles. »
Le tassement des grilles est d’ores et déjà une réalité : 16 coefficients hors cadre sur 25 sont déjà rattrapés par le SMIC. « Inadmissible », pointent les syndicats de salariés pour lesquels l’urgence absolue est aujourd’hui la revalorisation des salaires. Dans ces conditions, 2024 s’annonce-t-elle comme une année blanche pour les salariés de l’officine ? Pour éviter cette perspective qui accélérerait la perte d’attractivité de la branche déjà bien entamée, les syndicats de titulaires et de salariés se retrouveront le 17 juin pour des négociations exclusivement centrées sur les salaires. Cette échéance n’est pas fortuite, l’USPO et la FSPF se préparant à nouveau round avec l’assurance-maladie le 5 juin. « Nous espérons qu’elles reviendront avec un mandat à la table des négociations », déclare Christelle Degrelle.
Afin d’augmenter la pression sur ces négociations qui se révèlent ardues, les syndicats de salariés envisagent-ils d’appeler à la grève à l’instar de la CGT ? « On y songe depuis un certain temps », admet David Brousseau. Christelle Degrelle, quant à elle, ne cache pas son amertume. « Nous nous sommes mobilisés le 30 mai avec les titulaires pour défendre notre emploi. Nous n’avons pas envie de travailler pour Amazon ! » S’il comprend les revendications des titulaires, David Brousseau ne s’est pas joint aux cortèges jeudi dernier, estimant que les salariés de l’officine sont pris en otage dans les négociations avec l’assurance-maladie. Dans un communiqué émis fin de semaine dernière, FO rappelle qu’il s’agit là d’un mouvement patronal et que les salariés des officines doivent voir leur salaire maintenu lors de cette journée. Ce qui a été loin d’être une évidence pour certains titulaires grévistes. Comme le relate David Brousseau, « Plus d’une centaine de salariés se sont manifestés auprès de nous, leur titulaire les ayant obligés à manifester et en cas de refus, on les a menacés de leur soustraire un jour de salaire, ou de les obliger à prendre un jour de congé ».
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