Le Quotidien du pharmacien. — En quoi OSyS se distingue-t-il des autres dispositifs tels que les protocoles de coopération mis en place à l'été dernier ?
Martine Costedoat.- Ces deux dispositifs participent tous les deux à une amélioration de l'interprofessionnalité et fournissent un travail de fond sur une meilleure coopération entre professionnels de santé dans l'intérêt du patient. Pour autant, OSyS a vocation à répondre aux besoins des patients, de manière immédiate et flexible, même en l'absence des protocoles de coopération. Ceux-ci en revanche supposent la présence d'un médecin et s'inscrivent au sein d'une coordination de type CPTS, donc dans le temps. Les deux dispositifs ne sont pas antagonistes mais complémentaires. Il faut souligner la discrimination à laquelle sont soumis les patients selon qu'ils disposent ou non d'un médecin traitant intégré à une CPTS. Dans le premier cas, ils n'auront pas accès aux protocoles de coopération et ne seront donc pas pris en charge dans l'urgence. OSyS permet de répondre à ce cas de figure. C'est une proposition de réponse qui est très facile à mettre en œuvre.
Six régions souhaitent aujourd'hui déployer OSyS sur leur territoire. Comment expliquez-vous cet engouement ?
OSyS répond concrètement à la problématique des régions – et de leurs élus - confrontés aux déserts médicaux. D'ailleurs, les six régions intéressées, clairement dans cette situation, ont à cœur de répondre aux besoins de leur population. Rappelons que 6 millions de Français ne disposent pas de médecins traitants. Les patients qui ont pu bénéficier du dispositif OSyS trouvent le pharmacien tout à fait légitime pour répondre à leur situation d'urgence. D'ailleurs, c'est ce qui se pratique dans toutes les pharmacies françaises, les patients ayant l'habitude de s'adresser à leur pharmacien.
Quelles sont les conditions préalables à la duplication d'OSyS ?
Ces conditions sont celles de toute expérimentation article 51 qui, en tant que projet novateur, a vocation à être dupliquée et à trouver sa place au sein d'un accord conventionnel. Pour ce faire, ce dispositif doit apporter les preuves de sa faisabilité, de sa reproductibilité et de son efficience. Si les deux premiers points ont été validés par l'évaluation, OSyS a encore du chemin à parcourir en termes d'efficience. Certes, l'efficience qualitative a été démontrée puisque ce dispositif permet de gagner du temps médical et d'éviter des recours inappropriés aux urgences. En revanche, OSyS doit encore prouver l'efficience économique qu'elle induit.
De plus, le projet repose sur la bonne compréhension du dispositif par les médecins de l'environnement du pharmacien expérimentateur. Ceux-ci doivent avoir confiance dans les capacités de « triage » du pharmacien. De même, les pharmaciens étant facilitateurs de l'accès aux médecins, cela suppose qu'ils connaissent les différentes voies d'orientation. Pour ces raisons, les URPS médecins doivent être impliquées. Dans les régions volontaires, un travail avec les URPS médecins sera indispensable à l'instar de la coopération en bonne intelligence que nous connaissons en Bretagne au sein du comité de pilotage entre les URPS médecins et pharmaciens, l'ARS et la CNAM.
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