La crise agricole qui connaît un nouveau rebondissement aujourd’hui, avec huit points de blocage prévus autour de Paris par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les jeunes agriculteurs du Bassin parisien, ne laisse pas indifférents certains représentants de la profession. Dans les alertes lancées par le milieu agricole, Philippe Besset, président de la FSPF, et Laurent Filoche, président de l’UDGPO, décèlent les signes avant coureurs de menaces pour le réseau officinal.
« L’inquiétude est celle de tout le monde rural mais la détermination est là aussi », a déclaré, sur X, Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), manifestant son soutien aux mouvements de mécontentement des agriculteurs. Il relaie ainsi la position de l’U2P (Union des entreprises de proximité) à laquelle adhère son syndicat. L’inquiétude des agriculteurs est compréhensible et elle illustre un malaise général ressenti par de nombreux professionnels, selon l’U2P, qui dénonce - entre autres - la multiplication et l’empilement des normes et réglementations, la hausse du coût de l’énergie et des matières premières, des difficultés à recruter et l’instabilité des règles fiscales et réglementaires. « Le Gouvernement doit entendre le malaise des agriculteurs et de nos nombreux chefs de petite entreprise - TPE - et doit apporter une réponse forte et immédiate », réclame l’U2P.
C’est un autre versant de la crise agricole qui incite Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmacies d’officine (UDGPO), à faire le lien avec le réseau officinal. Cible des agriculteurs comme des pharmaciens, Michel-Edouard Leclerc cristallise l’exaspération par ses pratiques. Celui qui concentre près d’un quart des parts de marché de la GMS en France ne se cache pas de recourir à des centrales d’achat délocalisées dans d’autres pays européens. Un contournement des deux lois Egalim dont font les frais les agriculteurs français.
« Et dire que vous voulez faire pareil avec la santé de nos concitoyens ! », l’interpelle, sur Facebook, le président de l’UDGPO, dont les combats contre le ténor de la GMS ne se comptent plus. Selon Laurent Filoche, Michel-Edouard Leclerc pourrait, demain, en recourant à des centrales d’achat belges ou néerlandaises, appliquer les mêmes pratiques sur les médicaments en vente libre que sur les denrées alimentaires. « Et se garantir une marge confortable, au détriment des pharmaciens français. » Selon le président de l’UDGPO, la menace ne concerne pas seulement l’OTC, mais aussi les laits infantiles, un autre secteur qui lui garantirait une marge substantielle, et dans une moindre mesure, les compléments alimentaires. Poursuivant ce raisonnement, les pharmaciens français connaîtraient demain alors le même sort que les agriculteurs aujourd’hui. Autant de raisons, rappelle Laurent Filoche, pour que la profession poursuive son combat contre l’arrivée des médicaments en GMS.
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