La réévaluation de l’aspirine en prévention cardiovasculaire primaire avait déjà fait l’objet d’une publication intermédiaire en octobre dernier. Les recommandations définitives de l’U. S. Preventive Services Task Force (USPSTF), parues le 26 avril dans le « Journal of the American Association » (JAMA), confirment le bénéfice très limité de ce traitement dans cette indication. Après avoir passé en revue les études disponibles, les experts concluent « avec une certitude modérée » que l’aspirine peut être utilisée en prévention chez les personnes de 40 à 59 ans qui présentent un risque cardiovasculaire d’au moins 10 % sur 10 ans, mais que son bénéfice reste faible. Dans ce cas, ils insistent sur l’importance d’une décision médicale partagée avec le patient, qui ne devra pas présenter de risque accru d’hémorragie et être prêt à prendre ce traitement au quotidien.
En revanche, au-delà de 60 ans, ils s’opposent à toute initiation de ce traitement en prévention car celui-ci ne présente aucun bénéfice. Ce positionnement a poussé le Dr Allan S. Brett, dans un édito associé, à déplorer que les auteurs ne se soient penchés que sur l’initiation de traitement. En effet, les recommandations américaines prévoient, pour les patients sous aspirine en prévention cardiovasculaire primaire avant 60 ans, d’envisager l’arrêt du traitement vers 75 ans. Un non-sens pour le Dr Brett, le traitement n’ayant aucun bénéfice dans cet usage chez les 60 ans et plus. Il demande que cette contradiction soit levée.
Non recommandée en France
La publication intermédiaire de l’USPSTF, en octobre dernier, avait incité le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) à rappeler qu'une prescription à faible dose, entre 75 et 325 mg/jour, a longtemps été préconisée en France comme à l’international, en prévention primaire chez des patients à risque. Mais l’allégation d’une réduction de l’incidence des événements cardiovasculaires ischémique reposait sur des données qui n’étaient pas assez solides. Depuis, trois essais cliniques robustes publiés en 2018 – sur lesquels reposent aussi en partie les recommandations de l’USPSTF – ont clairement démontré l’absence de bénéfice de l’aspirine (dose de 100 mg/jour) en prévention primaire alors que le risque hémorragique augmentait. Conclusion du CNGE : « Il n’y a pas de place pour l’aspirine chez les patients en prévention cardiovasculaire primaire, qu’ils soient diabétiques ou pas, quel que soit leur âge, et y compris en cas d’artériopathie asymptomatique des membres inférieurs. »
En outre, les experts français comme américains insistent sur le risque hémorragique qui augmente avec l’âge, avec ou sans aspirine, d’autant plus si d’autres facteurs de risque lui sont associés tels que le diabète, des maladies gastro-intestinales ou hépatiques, l’hypertension, etc.
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