Avec l’épidémie de Covid-19, les gouvernements européens ont eu confirmation de l’importance d’une souveraineté sanitaire minimale, entraînant des appels à projet pour relocaliser certaines étapes de fabrication manquantes en Europe ou pour attirer les industries du médicament de demain. Un effort salué par Medicines for Europe, mais qui ne doit pas s’arrêter là. Soulignant que « 70 à 80 % des médicaments utilisés dans les unités de soins critiques sont des génériques », la présidente de l’association, Elisabeth Stampa, appelle à des mesures européennes urgentes de deux ordres.
D’abord, elle rappelle que les industriels du médicament se sont mobilisés dès le premier jour de la guerre en Ukraine et qu’ils subissent de plein fouet l’inflation qu’elle provoque sur le coût des matières premières. Elle sollicite donc de l’Europe « une action urgente » et souhaite que le secteur du médicament prescrit soit « reconnu critique dans l’Union européenne ».
Marché hautement régulé
Mais c’est surtout sur les politiques de prix des médicaments dans les États membres de l’Union européenne que la présidente de Medicines for Europe veut agir. « Notre industrie opère sur un marché hautement régulé où les prix sont fixés par les autorités nationales. Différentes mesures de baisses automatiques des prix sont mises en place selon les pays. Mais la politique actuelle du plus bas prix possible mène à un système insoutenable », débouchant parfois sur des ruptures de médicaments. Elisabeth Stampa cite le cas de l’Allemagne, où l’anticancéreux tamoxifène est « en rupture depuis février dernier à cause de son prix trop bas, fixé à 0,08 euro le comprimé, et dont il est impossible de dégager une marge minimale ».
L’association vient de publier un rapport proposant de nouveaux modèles de tarification des génériques en s’appuyant sur ce qui existe dans d’autres secteurs. Si elle ne recommande pas un modèle plus que l’autre, elle préconise aux régulateurs de s’assurer de la saine compétitivité du secteur et de sa viabilité économique. Deux items incontournables qui, s’ils ne sont pas garantis, doivent les inciter à moduler le système de régulation en place.
* Association européenne des industries des génériques et biosimilaires qui réunit une quarantaine d’entreprises de ces secteurs et les associations nationales qui les représentent (dont le GEMME).
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