Alors qu'une sixième journée mobilise plusieurs millions de grévistes et de manifestants contre le projet de réforme des retraites, Philippe Berthelot, président de la Caisse d'assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), décrypte pour « Le Quotidien du pharmacien » un texte qui comprend plusieurs avancées sociales pour la profession.
Le Quotidien du pharmacien.- Les pharmaciens titulaires sont-ils concernés par le report de l'âge légal de départ à la retraite ?
Philippe Berthelot.- L'âge moyen de départ à la retraite pour les pharmaciens titulaires est aujourd'hui de 64,76 ans. De fait, ils ne seront pas concernés par le report de l’âge de départ à 64 ans, même si cette mesure s’appliquera à tous leurs régimes de retraite. De plus, l’âge du taux plein restera fixé à 67 ans.
Le danger pour les régimes autonomes d'être intégrés à un régime universel semble aujourd'hui écarté dans la réforme actuelle. Celle-ci comporte-t-elle d'autres points positifs pour les pharmaciens ?
Le risque d’un retour du régime universel ne peut être totalement écarté, mais nous avons eu confirmation de la suppression, lors de l'examen au Sénat la semaine dernière, de l’article I bis qui prévoyait la remise d’un rapport par le gouvernement sur les modalités de mise en œuvre d’un système universel de retraite. Nous pouvons donc saluer ce projet de réforme qui maintient l'autonomie de notre caisse professionnelle. Ce texte présente par ailleurs d'autres avancées pour la profession. Ainsi, dans un souci d'harmonisation avec le régime des salariés, les libéraux ayant eu trois enfants et plus devraient également bénéficier d’une majoration de 10 % de leur retraite de base.
Quelles sont les autres avancées sociales que vous saluez ?
Nous en avons identifié plusieurs. Ainsi, dans le cadre du dispositif de cumul emploi-retraite, les pharmaciens pourront désormais acquérir de nouveaux droits. Certes, seulement 700 pharmaciens ont actuellement recours à ce dispositif, mais cette mesure positive pourrait contribuer à améliorer l’équilibre démographique de notre profession dans les années à venir. Nous saluons également la proposition du gouvernement visant à réduire l'assiette de la CSG à un niveau équivalent à celui des salariés. Cette mesure devrait permettre d'augmenter les cotisations sociales et tout particulièrement les cotisations retraite. Actuellement, les libéraux paient davantage de CSG que les salariés dont l’assiette ne tient pas compte de la part des cotisations sociales financée par l’employeur. Pour les libéraux, la CSG est calculée sur l'ensemble des cotisations sociales. Cette harmonisation sur laquelle nous allons prochainement travailler doit figurer dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024.
Les pharmaciens ont majoritairement été salariés en début de carrière. La réforme appréhende-t-elle ce cas de figure ?
De fait, les pharmaciens adjoints cotisent proportionnellement davantage que les titulaires - 28 % de leurs revenus contre 17 % - mais sur des revenus généralement plus faibles lorsqu’ils débutent dans la profession. Il convient de souligner que le Sénat propose d’étudier les opportunités offertes par la retraite par capitalisation et demande au gouvernement la production d’un rapport d’ici à la fin de l’année. Une initiative particulièrement intéressante, à laquelle je ne peux rester indifférent en tant que président de la CAVP. Le fait que la Chambre haute s'empare de ce sujet, et souligne que le report de l'âge légal ne suffira pas à équilibrer durablement le système de retraite par répartition, est un signal fort. En effet, je suis convaincu qu'il serait opportun de proposer aux jeunes pharmaciens salariés de cotiser à notre régime par capitalisation. J'ai d’ailleurs l'intention de soumettre cette proposition à notre conseil d'administration. Il s'agit pour moi, indéniablement, d'un facteur d'attractivité professionnelle supplémentaire pour les jeunes générations.
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