Initialement réservée au milieu hospitalier, la kétamine voit son utilisation se répandre de manière illicite, souvent en complément d'autres drogues. Inodore, incolore, relativement bien tolérée, elle échappe aussi souvent aux radars des services de douane. Ses effets sur la santé n'en sont pas moins délétères, tout particulièrement pour la fonction rénale.
La kétamine est un anesthésique général non barbiturique à action rapide utilisé en chirurgie médicale ou vétérinaire. Mais ses apparitions hors du monde médical et vétérinaire se multiplient. Tout d'abord utilisée dans le monde festif, ou lors de chemsex, elle se banalise et s'utilise désormais pour la détente, dans les troubles du sommeil, ou encore pour pallier le manque d'opiacés. Drogue récréative de niche, souvent utilisée en association avec d'autres drogues ou des psychotropes, la kétamine présente plusieurs avantages selon ses utilisateurs. Près de deux fois moins chère que la cocaïne, elle est incolore et inodore, ce qui la rend difficilement détectable, y compris par les tests salivaires.
Ses effets n'en sont pas moins palpables selon ses utilisateurs qui se la procurent sur le darknet depuis l'Asie du Sud-Est, en Inde notamment. Ils rapportent des propriétés dissociatives, en « l'absence d'overdose, d'accoutumance ou de descente ». Faux, contredit Sabrina Cherki, coordinatrice du Système d'identification des toxiques et des substances (SINTES) à l'Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), la kétamine est une substance psychoactive qui peut entraîner une dépendance : « Les usagers qui en prennent régulièrement vont avoir besoin d’en prendre plus au fur et à mesure. » À très hautes doses, il est possible d'atteindre un état très avancé d’effets psychoactifs appelé « K-Hole », une perte totale de conscience, avec incapacité de bouger. Certaines personnes relatent des expériences de mort imminente.
Si l'usage détourné de la kétamine reste faible, comparé à la cocaïne ou au cannabis, comme l’explique Clément Gérome, chargé d'études à l'OFDT, les risques neuropsychiatriques (hallucination, paranoïa) ou les troubles cognitifs avec altération de la mémoire ne sont pas à négliger. De même, son usage régulier peut affecter la vessie et les reins.
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