La plupart des confrères montpelliérains l’ont appris par la presse locale : la Pharmacie de la Comédie envisage d’ouvrir ses portes 7/7 et 24/24 dès le 29 juin. Cette décision, une première dans la 7e ville de France, interroge aujourd’hui de nombreuses officines en ville.
« À quoi bon tenir mon tour de garde ? », interroge un pharmacien situé dans un quartier périphérique. « Quand cela va se savoir, tout le monde ira là-bas. Les gardes, ça représente 40 à 50 clients par nuit et cela m’oblige à dormir à la pharmacie. Aujourd’hui, nous rendons un service à la population mais si un confrère assure une ouverture… Franchement, je ne vois pas l’intérêt de gâcher mon samedi soir pour 190 euros ! », lâche-t-il avec amertume, sous couvert d'anonymat.
Si l’annonce inédite en Occitanie a fait l’effet d’une petite bombe dans le landernau des 100 pharmacies montpelliéraines, la pharmacienne titulaire de la Comédie n’a pas donné suite aux sollicitations du « Quotidien ». De son côté, le syndicat des pharmaciens de l’Hérault organise lundi 24 juin une réunion ouverte sur le sujet. « C’est la première fois que la question se pose ici mais pour moi, il est hors de question que la pharmacie de la Comédie continue de faire partie du tour de garde. Ouvrir H24, c’est son choix mais ce n’est pas à l’assurance-maladie de payer ce choix. La réunion a surtout pour but de recevoir les avis de chacun », estime Frédéric Abécassis, le président du syndicat.
Une plainte de l'Ordre
D’autres confrères sont plus circonspects sur viabilité de la démarche. « La Place de la Comédie n’est pas très bien fréquentée passée une certaine heure de la soirée. Je ne sais pas quel équilibre économique ils vont pouvoir trouver », jugent plusieurs pharmaciens du centre-ville. Située de l’autre côté des rails du tramway, une pharmacienne de la pharmacie du Théâtre avoue avec franchise : « Ouvrir 24/24, nous nous sommes déjà posé la question. Ils ont tiré les premiers mais, avec le recul, je me dis aussi que la seule façon de venir ici est de stationner dans un parking sous-terrain, ce qui limitera les passages », nuance Cassandre Dumont, dont l’officine partage son tour de garde avec deux autres pharmacies.
Installée à une centaine de mètres, à la pharmacie de la Place Jean-Jaurès, Julia Augé accueille quant à elle la nouvelle avec prudence. « Ma prochaine garde est en septembre. Je vais donc laisser passer l’été avant de me faire mon opinion mais tant qu'à être ouverte la nuit, je préfère travailler. On ne fait que deux à trois garde par an mais ça reste fatigant », estime la jeune femme, installée depuis un an. Ce constat étant partagé par de nombreux pharmaciens montpelliérains, c’est tout le système de garde qui pourrait s’en trouver changé. Et le président du syndicat des pharmaciens de l’Hérault de rappeler que « si certains, pour des raisons économiques, veulent être exonérés de tour de garde, il leur faut obtenir un arrêté favorable de l'ARS ».
De son côté, le conseil régional de l’Ordre a déposé une plainte contre la pharmacienne titulaire de la place de la Comédie pour « publicité par voie de presse » et « concurrence déloyale ». Une mesure destinée à décourager l’officine ? « Ce qui est sûr, juge Frédéric Abécassis, c’est qu’on n’est pas au bout de nos surprises. »
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