Quatre familles de victimes d'une allergie à une chimiothérapie s'apprêtent à porter plainte contre X. Ils reprochent aux pouvoirs publics de ne pas avoir recommandé plus tôt un test qui aurait permis de déceler l’hypersensibilité des victimes à ce médicament.
« Une plainte émanant des familles de trois patients décédés et d'une victime gravement atteinte, doit être déposée au pôle santé du tribunal de grande instance (TGI) de Paris sous trois semaines », indique leur avocat, Me Vincent Julé-Parade.
La molécule en cause, le 5-fluorouracile (5-FU), ou capécitabine, est très fréquemment utilisée dans les chimiothérapies, seule ou en association avec d'autres anticancéreux. Chaque année en France, 80 000 personnes atteintes d'un cancer – principalement digestif, du sein ou ORL – sont traitées par ce médicament, selon l'Institut national du cancer (INCa). Mais chez certains patients qui présentent un déficit total ou partiel en enzyme DPD, les effets toxiques du 5-FU sont décuplés. Il faut alors diminuer la dose ou utiliser d'autres molécules.
Deux méthodes de tests existent pour dépister cette sensibilité mais, jusqu'à récemment, certains hôpitaux les pratiquaient et d'autres pas.
« L'idée n'est pas de mettre en cause le 5-FU, qui a fait ses preuves, mais d'interpeller : pourquoi, alors que l'on savait depuis plusieurs années qu'il y avait cette contre-indication en cas de déficit en enzyme DPD et qu'il y a des tests qui existent, aucune autorité sanitaire ni aucun responsable public n'ont pris comme mesure de recommander ce test avant février 2018 ? » interroge Me Vincent Julé-Parade.
Le 8 février 2018, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a souligné l'intérêt d'un dépistage systématique, tout en estimant qu'il n'y avait aucun consensus sur les modalités de ce dépistage. Et le 18 décembre, l'INCa et la Haute Autorité de santé (HAS) ont recommandé la réalisation systématique d'une des deux méthodes de dépistage pour prévenir certaines toxicités sévères des chimiothérapies par 5-FU. « Les fluoropyrimidines peuvent entraîner des toxicités sévères chez 1 patient sur 5, voire des décès (entre 1 patient sur 100 et 1 patient sur 1 000). Une partie de ces toxicités est liée à un déficit d’activité de l'enzyme DPD », soulignait l'INCa, précisant que ce « déficit peut être partiel (3 à 5 % des patients) ou total (entre 0,01 % et 0,5 % des patients) ».
Avec l'AFP.
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