L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), qui rencontrait mardi le cabinet d’Emmanuel Macron pour présenter son livre blanc, en a profité pour ajouter à l’ordre du jour un point qui ne manque pas d’affoler les pharmaciens. À savoir : les contrôles de la DGCCRF dans certaines pharmacies concernant l’affichage et la facturation des honoraires.
Rappelons que, début septembre, plusieurs confrères ont été contrôlés par la DGCCRF. Dans les procès-verbaux, celle-ci a notifié que « les honoraires de dispensation ne doivent être systématiquement prélevés pour les médicaments remboursables que s’ils ont été délivrés sur ordonnance ». Et de prévenir qu’« une facturation indue serait susceptible de constituer une pratique commerciale trompeuse, délit puni d’une peine d’emprisonnement de 2 ans et d’une amende de 300 000 euros ». Pourtant, selon le ministère de la Santé, la réforme de l’honoraire s’applique bien à l’ensemble des médicaments remboursables, qu’ils aient été prescrits ou non. Certains pharmaciens ont alors alerté l’UNPF, qui s’est chargée d’aborder le sujet avec Bercy.
« J’ai été totalement atterrée lorsque j’ai reçu le procès-verbal, rapporte une pharmacienne contrôlée. Je n’étais pourtant pas inquiète : à l’officine, tous les prix sont affichés, les produits disposent d’étiquettes électroniques, le catalogue est à jour… Alors je suis tombée de haut en découvrant que le procès-verbal portait essentiellement sur le fait que nous ne devions pas vendre des médicaments remboursables au même prix lorsqu’ils étaient vendus avec et sans ordonnance. » De plus, notre consœur ne manque pas de souligner que, avec la réforme, l’honoraire n’a pas été ajouté à la marge du pharmacien, mais c’est la marge qui a été divisée en une marge commerciale et un honoraire à la boîte. « Sans cet honoraire, la marge sur les médicaments remboursables n’est pas suffisante pour faire tourner une officine », poursuit-elle, en estimant que « dans ces conditions, il ne me reste plus qu’à mettre la clé sous la porte, après trente ans de service ».
Relayée dans nos colonnes, cette affaire d’honoraires n’a pas manqué d’inquiéter de nombreux pharmaciens qui n’imaginent pas vendre les médicaments remboursables hors prescription sans facturer un honoraire. « Qu’est ce qu’il nous reste : vendre le Doliprane ou l’homéopathie à perte, puisqu’on n’a pas le droit de facturer l’honoraire (sans prescription) ? », s’exaspère Thilo D, sur lequotidiendupharmacien.fr. « Nous sommes à bout ! Sincèrement je pense fermer, on va nous pressuriser jusqu’au bout… », se désole Emmanuelle D. D’autres tentent d’apporter une alternative au problème : « supprimer l’honoraire et le réintégrer sous forme de forfait dans la marge » ou opter pour un « honoraire uniquement à la ligne d’ordonnance, et ne pas facturer d’honoraire sans ordonnance à condition de ne pas avoir une marge zéro ». « Toute cette affaire aura décidément été bien mal ficelée », résume Jean-Philippe T, en évoquant la réforme de la profession qui a instauré l’honoraire à la boîte.
Mais avant d’envisager autre chose, il reste à attendre la réponse du ministère de l’Économie afin de savoir si oui ou non, l’honoraire peut être facturé pour les médicaments remboursables vendus sans ordonnance.
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