Le Forum Giphar a donné le coup d'envoi d'une période post-Covid où de nouveaux jalons doivent être posés pour le groupement et ses quelque 1 250 adhérents. Un nouvel élan est en effet nécessaire. Les effectifs, mis à mal par le départ d'une centaine de titulaires au cours des deux dernières années, n'ont pu être que partiellement consolidés par l'arrivée de cinquante adhérents depuis avril 2021. Un retard doit être aussi comblé en matière de digitalisation des vitrines et de click & collect*. Enfin, après le départ de Philippe Becht, président du directoire, dont le mandat n'a pas été renouvelé, la gouvernance doit imposer de nouveaux axes stratégiques.
L'ampleur de ces chantiers ne détourne cependant pas de leur ambition Magali Ghirardi, directrice générale en charge des finances et des affaires juridiques, Pierre-Xavier Frank, directeur général, pharmacien responsable et directeur des affaires pharmaceutiques, et Valérie Kieffer, présidente du groupement Giphar, d'atteindre à terme 10 % de parts de marché en valeur, contre 6 % actuellement.
Des excédents de gestion
Après cette période de turbulences et alors que la nomination du successeur de Philippe Becht est attendue d'ici à quelques semaines, il s'agit désormais d'accompagner les adhérents dans cet exercice post-Covid en renouant avec la normalité. « Nous allons nous remettre en route, promet Karine Pruneau, directrice de l'enseigne, l'accent va être donné aux fondamentaux, à la démarche qualité, à la formation, nous allons faire le point avec les équipes. » Une nouvelle organisation va permettre de resserrer les liens dans les régions, dont le découpage sera désormais calqué sur celui des ARS. Ce niveau permettra davantage de proximité entre les adhérents et les 110 présidents de groupements locaux qui animeront des réunions mensuelles.
Plus que jamais, Giphar mise sur son identité de coopérative. Ce statut différenciant dans le paysage des groupements s'est aussi traduit pour le pharmacien adhérent par le versement de 33 000 euros d'excédents de gestion au titre de l'année 2020/2021. Une somme qui équivaut à 2 % de marge supplémentaire pour l'officine, en moyenne. « Ce sont donc 98 % de nos résultats qui ont été restitués aux adhérents », déclare Magali Ghirardi. Elle pointe comme autre indicateur de la bonne santé financière du groupe, un ratio dettes sur fonds propres de 0,7 %. Cette solidité permet, ajoute-t-elle, d'envisager avec sérénité un investissement de 20 millions d'euros dans une quatrième agence de répartition qui sera opérationnelle au 2 janvier 2023, à Dijon.
Giphar affiche en effet pour objectif de toucher toutes les typologies de pharmacie et d'homogénéiser sous sa bannière un marché officinal de plus en plus polarisé. Un défi qu'il affirme vouloir relever en laissant à l'adhérent toute latitude dans les options prises. Cette stratégie de l'engagement « à la carte » sera finalisée en octobre prochain dans un projet de segmentation du réseau. Valérie Kieffer rejette cependant le spectre d'une atomisation de ce même réseau. « Notre force reste la mutualisation des achats ; le groupement est le plus fédéré et s'appuie sur sa force coopérative. Mais parce que nos pharmaciens ont aussi besoin de plus d'individualité, nous recherchons un équilibre entre ce que nous pourrions traduire par service all-inclusive et service à la carte », décrit Valérie Kieffer.
Cibler les grandes structures
Premier pas dans cette stratégie de « modularité », Giphar innove dans deux concepts. Le premier dénommé XL2 s'inspire de son prédécesseur, Agora. À noter que 400 adhérents ont adopté l'enseigne à ce jour, 90 % du réseau y est identifié. S'adressant à des officines d'une surface minimum de 200 m2, XL2 propose un concept modulable et évolutif sous une identité moderne. La digitalisation et la fluidité du parcours client garantissent un accueil différenciant et une nouvelle expérience client tout en renforçant les atouts commerciaux du point de vente. Ce nouveau virage devrait séduire les titulaires nombreux à disposer d'une trésorerie florissante aux termes de la crise sanitaire. Ils peuvent par ailleurs prétendre à une aide du groupement d'un montant de 300 euros/m2 pour un investissement de 600 à 700 euros/m2.
En consolidant ce modèle de la grande pharmacie, Giphar ne cache pas sa volonté de s'attacher les plus grandes officines, convoitées par certains groupements plus récents. Pour écarter cette concurrence, le groupe entend par ailleurs accélérer l'adhésion de pharmacies de plus grande taille, à raison de 70 à 80 d'ici à 2023. Cette croissance est soutenue en parallèle par 6 séminaires d'aide à l'installation. Une première promotion de huit « futurs installés » vient de débuter sa formation de 119 heures de cours de management et de gestion financière en partenariat avec Audencia.
Cœur de santé
Giphar n'en délaisse pas pour autant sa vocation première de groupement « éthique » et rappelle avec son second concept, « Cœur de santé », qu'il place la prise en charge du patient au centre de ses préoccupations. « Nous sommes connus et reconnus pour être le premier groupement identifié pour ses actions en faveur de la santé », remarque Pierre-Xavier Frank. Il souligne que Giphar n'a pas failli à sa réputation pendant la crise, avec pas moins de 150 opérations menées avec l'État, dont la distribution de 60 millions de masques, 1 000 pharmaciens formés aux TAG et 95 % des officines engagées dans la vaccination grippe et Covid. Avec désormais pour horizon l'application de la convention pharmaceutique, Pierre-Xavier Frank affirme que « le groupement sera engagé dans la totalité des missions, notamment, en ce qui concerne la vaccination et l'administration des 15 valences annoncées ». La formation, complète-t-il, sera assurée par Hémisphère, filiale dédiée et intégrée du groupe.
Face à l'extension des services en santé dont il a été précurseur, le groupe Giphar souhaite cependant garder sa longueur d'avance dans l'innovation en santé (voir encadré). Il entend par ailleurs mettre œuvre dès juin, une expérimentation dans le dépistage des risques cardiovasculaires en partenariat avec Malakoff Humanis. Celle-ci s'inscrit dans la continuité des expérimentations régionales qui ont été conduites en 2018 avec Malakoff Médéric dans le Nord et, en 2019, avec Klésia, dans l’Ouest. La phase de test sera pérennisée au mois de septembre à l’échelon national.
Toutes ces mutations ne peuvent cependant faire l'économie d'une adaptation des outils numériques, et plus particulièrement du logiciel métier. Le virage est d'autant plus nécessaire que le Ségur de la santé impose de nombreuses fonctionnalités d'ici à la fin 2023. Afin de faire face à ces nouveaux enjeux, Giphar, dont 70 % des adhérents sont dotés du logiciel maison, LGO2, vient de signer un partenariat avec le belge Pharmony. Cette société, implantée à Namur, mènera des opérations « booster » directement depuis le Web, sans imposer l'installation d'un serveur encombrant dans l'officine. Comme le précise Pierre-Xavier Frank, il s'agit d'une solution simple permettant une sauvegarde dans le cloud. Un signe supplémentaire que Giphar s'ouvre à une nouvelle ère.
* Droit d'entrée : 990 euros, puis cotisation mensuelle de 119 euros. Retour sur investissement à partir de 6 000 euros de chiffre d'affaires lissé sur trois ans.
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