Un sentiment d'exaspération gagne la profession alors que les problèmes se multiplient depuis un an. L'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) prépare un plan d'action pour pousser les autorités à réagir et à écouter les demandes des pharmaciens. Le syndicat n'exclut pas d'aller jusqu'à la grève des gardes, voire d'inciter les pharmaciens à fermer leurs officines le temps d'une journée.
Lister le nombre de désagréments qui polluent la vie des officinaux est une tâche particulièrement chronophage, tant les problèmes s'accumulent depuis maintenant plusieurs mois. « Il y a eu la vente des autotests Covid en GMS (l'an dernier), la distorsion de prix sur les tests antigéniques, l'article 30 du PLFSS (qui prévoyait la mise en place d'un appel d'offres sur les génériques), la mesure sur les médicaments onéreux décidée par l'assurance-maladie sans concertation, l'article du PLFSS sur les produits de contraste, les ruptures, la surcharge administrative, l'organisation des gardes qui n'est plus adaptée… », énumère Pierre-Olivier Variot. Le président de l'USPO constate un niveau d'exaspération rarement atteint au sein de la profession. Une situation qui doit pousser les pharmaciens « à une réaction forte » pour se faire entendre, selon lui.
Le président de l'USPO a dévoilé ce 18 janvier une stratégie en plusieurs axes dont l'objectif final est de permettre aux officinaux « de pouvoir travailler sereinement au service des patients ». Le syndicat va premièrement envoyer une affiche aux pharmaciens, certainement la semaine prochaine, pour que ces derniers puissent alerter et informer leurs patients sur les ruptures de stock de médicaments. En parallèle, l'USPO s'apprête à lancer une enquête auprès des patients pour mesurer leurs attentes vis-à-vis des pharmaciens. Un questionnaire, conçu avec France assos santé, va être mis à disposition des officinaux dans les prochains jours.
Autre grand combat que souhaite mener l'USPO : revaloriser et réorganiser les gardes. « Nous allons demander un rendez-vous en urgence au directeur général de l'assurance-maladie et au ministre de la Santé. Nous avons des remontées partout en France concernant des problèmes liés aux gardes. Des pharmaciens sont dérangés à 3 heures du matin pour des raisons qui ne sont pas valables. Il faut réorganiser les gardes, redéfinir ce qui est une urgence et ce qui ne l'est pas et assurer leur sécurisation car de nombreux commissariats se désengagent de cette mission. Enfin, il faut revaloriser ces gardes, ce qui n'a plus été fait depuis 2019 », détaille Pierre-Olivier Variot.
Favoriser le développement d'assistants administratifs pour les pharmaciens, alors que les problèmes avec le tiers payant se succèdent et que les officinaux croulent sous le travail administratif, faciliter certains protocoles (notamment pour les renouvellements d'ordonnance pour les patients atteints de maladies chroniques), agir sur la problématique du recrutement, en remettant en place un concours spécifique à la pharmacie à l'université… autant de revendications que veut également porter l'USPO à travers ce mouvement. « La profession est prête à se mobiliser beaucoup plus, avertit Pierre-Olivier Variot. Nous allons consulter ce mercredi soir l'Ordre, les syndicats de groupements et la FSPF pour savoir s'ils souhaitent s'associer à notre initiative. Ce qu'on envisage dès aujourd'hui de notre côté, ce sont des mesures crantées. Une grève des gardes est possible et cela pourra aller jusqu'à baisser le rideau pendant une journée. Il faut mettre fin au ras-le-bol des pharmaciens », soutient Pierre-Olivier Variot.
Une fois le mouvement enclenché, le président de l'USPO promet de mettre ses menaces de grève à exécution si aucune garantie ne lui est apportée avant la fin du mois de février par les autorités, notamment sur la question des gardes.
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