Alors qu’un mouvement général appelle les pharmaciens à fermer leurs officines le 30 mai pour défendre la profession, quelles seront les conséquences pour les salariés : faut-il les faire venir travailler ? Seront-ils rémunérés ?
Les pharmaciens sont invités à tirer le rideau de leurs officines le 30 mai et à rejoindre les cortèges qui s’organisent en région et à Paris. L’officine fermée, que deviennent les salariés ?
« Il y a deux solutions, explique Yorick Berger, titulaire à Paris et membre du bureau de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) : soit ils rentrent chez eux et le titulaire les paie car c’est une obligation légale, soit ils travaillent dans l’officine et effectuent des tâches administratives, des inventaires… » « L’employeur a pour obligation de fournir un travail et de payer sa rémunération au salarié qui se tient à sa disposition, complète l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le salarié se tenant à la disposition de son employeur gréviste, il appartient à ce dernier de rémunérer son salarié malgré la fermeture de l’officine. Les heures de travail non effectuées ne doivent pas faire l’objet d’un rattrapage par la suite. »
« Si la pharmacie reste ouverte au public, vous travaillez normalement. Si la pharmacie est fermée, vous devez tout de même venir travailler selon votre planning, à moins que votre employeur ne vous en dispense », rappelle de son côté David Brousseau, secrétaire fédéral Pharmacie d’officine de FO, dans une circulaire envoyée le 7 mai. Pour les employeurs, mieux vaut fournir la dispense par écrit à chaque salarié concerné.
Pas de perte de salaire, pas de rattrapage des heures non travaillées, et pas d’obligation non plus à poser un jour de congés payés ou de RTT pour compenser la fermeture puisque la journée de mobilisation est fixée dans un délai inférieur à un mois. « En revanche, si le salarié demande à être en congé ce jour-là, celui-ci peut lui être autorisé », précise l’USPO.
Dans tous les cas, la profession invite les salariés de l’officine à rejoindre le mouvement et à grossir les rangs des manifestations. « Certains employeurs peuvent demander à leurs salariés de se joindre au mouvement, mais si vous faites grève, vous perdez votre journée de salaire. Il est important de ne pas céder au chantage, comme cela a pu être observé il y a quelques années : maintenir votre salaire en échange de votre participation à une manifestation est illégal », alerte le secrétaire fédéral de FO, qui ne s’associe pas au mouvement « car nous en sommes les victimes collatérales ».
Car les manifestions sont aussi organisées sur fond de négociations de salaires dans la branche officine, avec en ligne de mire une réunion entre syndicats patronaux et syndicats de salariés le 3 juin prochain, puis le 1er juillet. « Il est à rappeler que les négociations sur les nouvelles classifications et les salaires sont actuellement bloquées par la FSPF et l’USPO afin de faire pression sur la sécurité sociale, mais cela n'a eu aucun effet jusqu'à présent », lance David Brousseau. « Tout est lié, explique Yorick Berger. Il nous faut compenser par des augmentations de rémunérations de nos salariés mais si les prestations rémunérées par l’assurance-maladie et les complémentaires n’augmentent pas, ce sera compliqué pour les titulaires d’augmenter les salaires. »
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