Premier enseignement de cette enquête à laquelle ont participé près de 6 000 pharmaciens : la majorité des sondés (plus de 80 %) déclarent « ne pas se sentir toujours en sécurité durant les gardes effectuées le soir ». Ces dernières génèrent également leur lot de fatigue chez les pharmaciens. Là encore, une écrasante majorité (plus de 80 %) estime que « la réalisation des gardes de nuit affecte leur capacité à accomplir leurs missions le lendemain ».
Autre sujet relatif à l'organisation des gardes : le type de produits que le pharmacien peut délivrer ou non. Avec cette question : faudrait-il uniquement délivrer des médicaments sur prescription durant les gardes ? Selon l'enquête de la FSPF, les avis sont cette fois partagés. Une petite majorité souhaite en effet « limiter l'obligation de délivrance aux produits du monopole », mais une part non négligeable, 40 %, y est défavorable. En outre, près de 9 pharmaciens interrogés sur 10 jugent que le caractère d'urgence devrait être apprécié « par le pharmacien et non par le patient ». Une position que rejoint Philippe Besset, président du syndicat, qui estime que la dispensation pendant les gardes devrait être « protocolisée ». En ce qui concerne enfin la rémunération, elle est jugée trop basse par près de 75 % du panel, qui souhaite la voir évoluer. Un nouveau sujet qui devra donc être abordé avec l'assurance-maladie, annonce Philippe Besset. « On va essayer de voir si la CNAM veut réduire le nombre de secteurs pour augmenter la rémunération et faire en sorte qu'elle soit correcte. Si c'est le cas, il faudra également voir si les pharmaciens sont d'accord pour cela. En tout cas, on ne peut pas se satisfaire d'une rémunération qui ne couvre pas le coût de la prestation, nous allons demander une revalorisation », promet-il.
Un chantier à ouvrir
Les résultats de cette enquête ont inspiré deux amendements que la FSPF souhaitait ajouter à la proposition de loi Valletoux sur l'accès aux soins, examinée cet automne au Sénat. Le premier d'entre eux entendait instaurer des bonnes pratiques en matière de dispensation dans le cadre de la permanence des soins, ceci afin de clarifier les règles en la matière. Le second proposait la mise en place d'un système de régulation des permanences pharmaceutiques, sous la forme d'une expérimentation dans une région volontaire. Un moyen de prendre en charge les patients tout en évitant aux pharmaciens de garde d'être dérangés pour des motifs non urgents, voire saugrenus. Si les deux amendements ont reçu un accueil favorable de la commission des affaires sociales du Sénat, ils n'ont finalement pas été adoptés, le sénateur devant les soutenir ayant finalement été absent le jour du vote. Un simple contretemps pour Philippe Besset, qui compte bien remettre la question des gardes sur la table dans les prochains mois. « C'est un dossier de fond. Le fait que la commission des affaires sociales ait rendu un avis favorable et que des parlementaires soient en phase avec l'idée, c'est positif. Cela nous conforte dans l'idée que l'on peut ouvrir ce chantier », confie le président de la FSPF.
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