Quand deux des trois médecins d'un bourg partent à la retraite, le troisième se trouve ipso facto submergé. À Pluméliau-Bieuzy, dans le Morbihan, c'est l'ensemble des professionnels de santé, mené par Maryse Garenaux, une des deux pharmaciens, qui a réagi de concert, et qui s'apprête à créer une équipe de soins primaires (ESP), premier échelon de l'exercice coordonné.
« Étant présente à l'Ordre, dans des associations et à l'URPS, j'ai toujours été intéressée par l'exercice coordonné, et je pensais depuis longtemps à un tel projet au niveau local, mais l'idée n'était pas mûre. Au départ des deux médecins, tout le monde a pris conscience de l'urgence de la situation, du besoin de trouver des solutions pour soulager le médecin restant », explique la pharmacienne.
Pluméliau comptait 3 600 habitants, et a fusionné avec Bieuzy, 770 habitants, au 1er janvier dernier. La population d'origine est de plus en plus âgée, dont beaucoup de personnes de plus de 85 ans, encore autonomes, mais peu mobiles. Les autres habitants sont des jeunes ménages, installés ces dernières années, et qui travaillent à Pontivy, Lorient ou Vannes, avec souvent un médecin traitant ailleurs.
Même le maire, Benoît Quero, a jaugé la situation. Il a déjà redynamisé de bourg, explique Maryse Garénaux, et maintenu le plus possible d'activités en centre bourg, mais, en ancien vétérinaire, il a posé le diagnostic : « Le premier problème, c'est la santé. »
Une nouvelle étape
Une association de préfiguration, selon la loi de 1901, a été créée en juin dernier, qui réunit tous les professionnels de santé, et dont les statuts laissent la porte ouverte aux « non conventionnés », ostéopathe, acupuncteur. L'association se fixe pour but d'améliorer l'aide aux patients et le travail des professionnels : « On ne sait même pas communiquer entre nous, déplore la consœur. J'ai participé, il y a quinze ans, à des réunions de travail sur le dossier médical partagé (DMP), mais on n'arrive même pas à échanger avec la messagerie Apicrypt. »
L'ESP nécessite en premier un état des lieux, d'écrire les caractéristiques sociales et socio-professionnelles de la commune, travail auquel collabore la mairie. Les professionnels travaillent aussi à un projet de territoire qui sera présenté en janvier à l'ARS pour validation, puis labellisation. Le maire a souhaité accompagner les professionnels de santé à cette réunion, pour montrer son implication. Ce projet a pour volets l'offre de soins, le lien avec l'hôpital et le médico-social, et sera surtout articulé autour de la perte d'autonomie à domicile des personnes âgées. « Nous voulons insister sur l'accès aux soins, et sur la permanence des soins. »
Dan Dragulin, médecin généraliste, préside l'association, comme prévu par les textes, et Maryse Garenaux en est secrétaire. « Un pharmacien est considéré comme plus habitué aux procédures, sourit-elle, d'ailleurs mon associé pratique de nombreux bilans de médication. C'est vrai aussi que nous avons l'habitude de parler aux médecins et aux infirmières. »
« Tout le monde a fait un peu de « déprime » quand on a compris qu'on allait perdre deux médecins, poursuit-elle. Même l'économie de notre activité en serait affectée. Les professionnels de santé qui n'appartiennent pas à leur URPS, ou à un syndicat, ne connaissent pas les textes de loi qui encadrent l'exercice coordonné, alors qu'il correspond à ce que nous cherchons. Le travail que nous avons fait pour aboutir à l'ESP a redonné un peu d'optimisme, un but. On échange davantage, et moi j'aime convaincre de l'intérêt de l'exercice coordonné. Les pharmaciens sont à nouveau dans le parcours de santé avec les bilans, avec la vaccination, il ne faut pas qu'ils manquent cette nouvelle étape. »
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