Si les notices papier sont jugées utiles par l'ensemble des usagers (85 %), leur format dense et manquant de lisibilité n’incite pas à la lecture ni à la compréhension des informations fournies : 71 % des Français affirment qu’elles sont trop chargées, 32 % estiment qu'elles ne sont pas compréhensibles et ils ne comprennent pas le vocabulaire employé. Ce manque de lisibilité nuit à leur objectif d’information médicale. En conséquence, près de 28 % des Français ne les lisent que rarement. Du côté des professionnels de santé, 41 % d’entre eux déclarent qu’ils ne trouvent pas facilement les informations importantes, 83 % des pharmaciens et infirmières considèrent que leur mise en forme ne donne pas envie de les lire, 62 % des pharmaciens affirment aussi qu'elles ne sont pas adaptées à leurs besoins, seuls 9 % les lisent au moment de dispenser un médicament, 48 % les lisent uniquement en cas de question du patient et 43 % ne les lisent jamais. Les infirmiers libéraux (40 %) sont plus nombreux à recourir aux notices papier au moment d’administrer le médicament ou lors d’une visite au domicile.
Près de 28 % des Français ne lisent que rarement les notices papier et 71 % les estiment trop chargées
Ce manque d’attractivité des notices papier amène les usagers à se tourner vers des canaux alternatifs pour trouver des informations médicales. Plus de la moitié des Français (56 %) admettent rechercher des informations sur Internet en complément de la notice papier (42 %) et/ou en lieu et place de cette dernière (19 %). Ce comportement courant chez les moins de 35 ans (69 %) concerne également 48 % des cinquantenaires et plus, « ce qui augmente le risque de tomber sur des données peu fiables et non certifiées proposées par des médias ou des plateformes qui sont de véritables vecteurs de désinformation ou de réflexions pouvant se révéler dangereuses. 3 Français sur 5 doutent de la fiabilité des informations médicales obtenues sur le Web et ils adaptent eux-mêmes la posologie ou la durée des traitements. Il est urgent de les orienter vers un canal numérique fiable et sécurisé », commente Céline Camilleri, présidente de Haleon France.
Les attentes des usagers
Le développement des e-notices pourra certainement répondre à cette problématique en ajoutant aux mentions de la version papier, des outils plus didactiques et plus compréhensibles permettant de renforcer la bonne information des patients et le bon usage des médicaments, tout en répondant aux aspirations environnementales. Pour 93 % des professionnels de santé, le principal atout des e-notices sera de permettre une mise à jour plus rapide et en temps réel des informations, en allant plus loin que la notice papier dans la promotion du bon usage du médicament (85 %) et le respect de l’environnement (87 %). Plus de la moitié (58 %) des pharmaciens et des infirmiers affirment que les e-notices permettront d'améliorer l'observance et d'éviter les mésusages.
Pour 93 % des professionnels de santé, le principal atout des e-notices sera de permettre une mise à jour plus rapide et en temps réel des informations
Plus que le fond, c’est la forme qui rend aujourd’hui les notices papier peu efficaces car peu lues. Les usagers souhaitent une lecture facilitée et simplifiée de leur contenu et 60 % se prononcent en faveur du développement des e-notices de médicament, dont 83 % des 18-24 ans et 78 % des 25-34 ans. Ils approuvent l’intégration dans les e-notices de nouveaux outils et fonctionnalités pour augmenter la lisibilité et la compréhension des notices actuelles. Sur le fond, les usagers plébiscitent la mise en place de vidéos de professionnels de santé donnant des conseils pratiques (59 %), de schémas ou illustrations/infographies d'aide à la prise (83 %), de liens interactifs pour signaler des effets indésirables renvoyant vers de sites officiels (77 %) ou sur le recyclage du packaging via le tri sélectif. L'ensemble des professionnels de santé approuvent ces évolutions.
Des pistes de réflexion
Cette modification des pratiques doit s’accompagner d’un travail de pédagogie important auprès de la population selon l'analyse de Françoise Alliot-Launois, Présidente de l’AFLAR : « nous proposons de sécuriser le développement des e-notices en les intégrant au Code de la Santé Publique, dès lors de modifier l’article R5121-149 du Code de la santé publique pour permettre l’utilisation d’une notice “augmentée”, dotée de nouveaux contenus en explicitant la possibilité d’utiliser des notices sous format digital, ainsi que l’intégration d’outils pédagogiques (vidéos, liens, schémas…). Des dispositions relatives à la protection et sécurité des données de santé pourraient également être insérées. »
Nous proposons de sécuriser le développement des e-notices en les intégrant au Code de la santé publique (…) pour permettre l’utilisation d’une notice “augmentée”
Françoise Alliot-Launois, Présidente de l’AFLAR
Afin de permettre aux usagers de se familiariser avec la e-notice et ses fonctionnalités, l'accès à une version papier doit être maintenu durant un intérim suffisamment long (si besoin plusieurs années). « 90 % des professionnels de santé y sont favorables et il apparaît essentiel de les former afin de les initier à ce nouveau format de manière pédagogique pour accompagner leurs patients, avec une attention particulière pour ceux suivis à domicile », ajoute la présidente de l'AFLAR. Une réflexion plus large doit également être menée pour garantir l’accessibilité des e-notices pour tous les patients, y compris pour les publics fragiles, éloignés du numérique ou vivant dans des zones blanches.
Les pharmaciens sont des acteurs du premier recours dans le rôle de conseil et d’orientation des patients et, à terme, on pourrait envisager d’associer l’Ordre national des pharmaciens et les syndicats de la profession à une réflexion autour d’un accès prolongé aux notices papier tant sur le dispositif (installation de bornes d’impression au sein des pharmacies…) que sur le coût économique (délivrance de la version papier sur demande par le pharmacien contre rémunération sur le modèle de la ROSP).
D'après une conférence de Haleon France leader mondial de la santé grand public, et d’AFLAR, Association française de lutte antirhumatismale.
Enquête réalisée par Odoxa par internet du 11 au 21 mars 2024 auprès de 2010 patients, et 202 professionnels de santé (101 pharmaciens d’officine et 101 infirmières libérales).
Privilégier le QR code
« L’apposition d’un QR code sur les boîtes de médicament nous apparaît essentielle pour rendre les e-notices accessibles à tous. En effet, les Français semblent privilégier le QR code (52 %) devant l’URL (47 %) », explique Françoise Alliot-Launois. Cette solution présente toutefois plusieurs défis pour le régulateur et l’industrie. Il faudra trouver un emplacement disponible sur le packaging des médicaments où figurent déjà de nombreuses informations et pictogrammes. Même si les seniors sont plus familiers des outils numériques qu'on le croit (93 % des + de 65ans les utilisent facilement), il conviendra d'initier les patients les plus âgés, moins à l’aise avec le numérique, à l’usage du QR code avec la mise en place de campagnes éducatives.
A la Une
Remises biosimilaires, solutions contre les ruptures… : quel avenir si le gouvernement tombe ?
Campagne de l'Ordre
Soumission chimique : la prise en charge au comptoir
PLFSS 2025
Pas de déremboursements en 2025 : la promesse de Barnier à l’épreuve du 49.3
Aide aux étudiants en pharmacie
Le projet Mentorat en manque de dons