LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Le DPC devrait remplacer la FCC le 1er janvier prochain. Que manque-t-il encore au dispositif pour qu’il prenne son envol ?
THIERRY BARTHELMÉ.- À la date d’aujourd’hui, le DPC attend toujours que la Haute Autorité de santé (HAS) en précise les méthodes et les programmes. Il convient pour la HAS de définir ces modalités par rapport à l’ensemble des professionnels assujettis au DPC. Les DPC des médecins et des pharmaciens auront certes des points communs, mais ceux des biologistes ou des infirmiers ne seront sans doute pas construits sur les mêmes bases. Le travail n’est donc pas facile pour la HAS, qui doit trouver des méthodes transverses.
Concrètement, il manque un texte ?
Absolument. Il manque une recommandation de la HAS. Ce texte sera publié sur leur site, je l’espère, à courts termes. Le DPC étant une alternance entre des phases d’acquisition de connaissances et des phases évaluatives, ce qui nous manque ce sont les parcours et les méthodes qui permettront de valider chacune de ces étapes l’une par rapport à l’autre.
Et si ce texte ne venait pas avant le 1er janvier ?
On resterait alors dans un grand flou… Certains disent que la FCC (Formation continue conventionnelle) pourrait perdurer, mais, aujourd’hui, rien ne laisse supposer que l’assurance-maladie continuera d’assurer son financement. On est dans une phase où il y a encore beaucoup d’inconnues.
La question du financement du DPC est justement un autre point qui ne semble pas encore réglé. Qu’en est-il aujourd’hui ?
On devrait être sur différents niveaux d’indemnisation. Il y aura, d’une part, la prise en charge par l’OGDPC (1) d’une partie des formations ; et, d’autre part, la prise en charge, partielle elle aussi, des indemnités pour perte d’exploitation liée à l’absence de l’officinal de son poste de travail. Mais dans ce domaine-là, aucun élément chiffré n’offre de visibilité sur le financement réel du DPC des pharmaciens. On sait, en revanche, que la taxe imposée à l’industrie pourrait contribuer au financement de la formation des médecins (ce sont des prescripteurs !) ; pour le reste, on ignore si il y aura des conventions entre l’OGDPC et l’OPCA PL (2), l’OGDPC et le FIF PL (3). Soulignons d’ailleurs que ces organismes (N.D.L.R., l’OPCA PL et le FIF PL) collectent certes des fonds pour la formation des professionnels, mais pas seulement dans le cadre de thèmes prioritaires comme ceux prévus par le DPC.
En pratique, dans quelles conditions les titulaires pourront-ils faire profiter leurs adjoints et leurs préparateurs du dispositif ?
Ils y sont vivement invités ! Les titulaires devront donc veiller à laisser le temps nécessaire à leurs collaborateurs pour répondre à leurs obligations de DPC. Mais, là encore, les règles du financement de ces formations sont pour l’heure encore floues.
Ce flou sur les méthodes et le financement vous rend-il inquiet quant à l’avenir du DPC ?
Non, car je pense que les pharmaciens n’attendent pas forcément de connaître les règles de prise en charge, ni les obligations de formation pour se lancer dans la formation continue. Ils l’ont montré dans le passé. Dès lors que les méthodes seront connues, nous ferons en sorte que nos programmes de formation continue entrent dans le cadre édicté. Au-delà de ces incertitudes, les pharmaciens doivent se rappeler que la formation est un investissement, et non pas une dépense.
Combien de formations clés en mains attendent déjà les officinaux ?
Un nombre considérable. Les formations, qu’elles soient présentielles, à distance par le biais du e-learning, ou encore sous la forme (plus nouvelle pour les pharmaciens) de réunions de groupes de pairs, seront rapidement adaptées aux impératifs du DPC. Ce que nous attendons, en fait, ce sont les orientations ministérielles du DPC, puisque nous devons travailler sur des thèmes prioritaires de santé publique.
Que propose l’UTIP aux pharmaciens pour s’acquitter de cette nouvelle obligation de formation continue ?
Il y a beaucoup de choses dans les cartons de l’UTIP, qui permettront d’allier à la fois des formations à distance à des formations présentielles, mais aussi à des travaux dans l’officine même, car la phase d’évaluation des pratiques professionnelles, par exemple, ne nécessite pas forcément de formation à l’extérieur de la pharmacie. Mais, là encore, nous attendons les méthodes HAS pour valider les options prises par l’UTIP.
2) L’OPCA PL est l’Organisme Paritaire Collecteur Agréé des Professions Libérales, qui contribuent notamment au financement des formations des salariés de l’officine.
3) Le FIF PL est le Fonds Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux, qui contribuent notamment au financement des formations des titulaires d’officine.
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