APRÈS DES ANNÉES à se chercher, la formation continue des pharmaciens prend aujourd’hui une tournure quasi définitive. La loi HPST fixe un nouveau cadre pour la formation des professionnels de santé, qui se substitue aux précédents. Il s’agit du développement professionnel continu (DPC). Ce dispositif répond aux exigences fixées par les nouvelles missions sanitaires attribuées aux pharmaciens. Ces derniers vont contribuer plus encore aux soins de premier recours ou à l’éducation thérapeutique du patient. « S’il est amené, en particulier, à pratiquer des ajustements de posologie, le pharmacien doit acquérir des connaissances à un niveau élevé », estime Thierry Barthelmé, président de l’UTIP*. Le DPC comprend également l’évaluation des pratiques professionnelles. Ce parcours de formation obligatoire n’entrera pleinement en vigueur qu’en 2013. Les décrets qui l’instituent seront publiés au plus tard le 21 juillet prochain.
Six jours par an.
D’ici là, les pharmaciens vont bien sûr continuer de se former. Chaque année, ils y consacrent, en moyenne, 51 euros pour un titulaire et 320 euros pour un adjoint. La profession dispose désormais de la formation continue conventionnelle (FCC). Son cadre est fixé par la convention nationale conclue en 2006 avec l’Assurance-maladie et amélioré depuis. « Du retard a été pris. Les deux premières années, nous avons eu des mises au point en interne, au sein de la profession. Puis il y a la volonté d’harmoniser un dispositif de formation pour toutes les professions de santé », justifie Claude Japhet. Le président de l’UNPF (Union nationale des pharmacies de France) est à la tête de l’OGFCCPO (Organisme gestionnaire de la formation continue conventionnelle des pharmaciens d’officine), plus simplement rebaptisée « OG Pharmacie ». Cet organisme est placé sous la tutelle de l’État et de l’Assurance-maladie. Qui ne s’en cache pas : son objectif est, à travers la formation continue, d’assurer la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Aussi, 5 millions d’euros sont mis sur la table chaque année, indique Monique Weber, responsable du département des professionnels de santé à la CNAM. À ce budget dédié à la formation vient s’ajouter la prise en charge couvrant les pertes d’exploitation et les heures supplémentaires à l’officine, à hauteur de 330 euros par jour. « Cette somme couvre largement la journée d’un pharmacien à coefficient 500, charges comprises », estime Claude Japhet. Les frais d’hébergement et de restauration pourront également être pris en charge, précise Monique Weber. La loi indique que les titulaires doivent favoriser l’accès à la formation de leurs salariés. Chaque employeur conventionné dispose d’une dotation de six journées de formation par an. « Quand les titulaires ne peuvent pas ou ne veulent pas y aller, ils peuvent rétrocéder des journées à leurs adjoints », souligne Claude Japhet. La formation doit se tenir sur une journée (minimum de 7 heures de travail effectif) ou deux, selon la thématique retenue. Le président de l’OG Pharmacie souhaite que l’on élargisse le dispositif à la formation à distance. « Une partie du budget devra lui être allouée », considère t-il. Il est à noter que la FCC (puis le DPC) vient s’ajouter au droit individuel à la formation (DIF), institué par l’accord national interprofessionnel de 2004.
Un site d’informations.
De leur côté, les organismes de formation sont sur les rangs pour la FCC. L’appel d’offres, lancé fin février, est terminé. Les dossiers ont été dépouillés et une réunion doit se tenir aujourd’hui même pour attribuer les accréditations. Les lieux et dates des formations seront mis en ligne sur un site Internet opérationnel dès le début du mois de mai, pour des formations qui débuteront dans la foulée. Dix thèmes ont été retenus pour cette année (voir encadré). Plus de 350 cessions de formation seront ainsi proposées. Un nouvel appel d’offres sera lancé en octobre pour les formations dispensées en 2011. D’ici là, on en saura un peu plus sur l’adhésion des pharmaciens. « La formation continue doit faire partie du plan de développement de l’entreprise », rappelle Gérard Vaël, président de l’UNOFormation, qui fédère une quinzaine d’organismes formateurs. Mais, selon lui, un plan de formation ne serait mis en place que dans 10 % des officines.
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