Les effets de la PACES sont désastreux sur la filière pharmacie. En effet, selon la grande enquête menée par l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), baptisée « Grand entretien 2.0 », seulement 48 % des étudiants actuellement en pharmacie avaient placé ces études en premier choix lors de leur PACES. « C’est 15 points de moins comparé au premier " Grand entretien " réalisé en 2014, et cela peut être lié à la mise en place, catastrophique, de la PACES en 2010 », analyse Élisabeth Adenot, de l'ANEPF.
Toutefois, on constate qu’au fil des années les étudiants qui n’avaient pas opté pour pharmacie en premier (2 304 étudiants sur 4 802) semblent avoir découvert progressivement les métiers du monde pharmaceutique et se réjouissent, au final, de leur choix. Notamment, ils ne souhaitent pas - ou plus - recourir à une passerelle pour changer de voie (pour 1985 étudiants sur ces 2 304). De plus, ces étudiants reconnaissent n’avoir pas voulu opter pour pharma d'emblée par méconnaissance de la filière (72 %) et de ses débouchés (67 %), tandis que certains avouent avoir été découragés à la choisir, 28 % ayant eu des échos négatifs sur la filière. « Il existe donc un énorme problème d’information sur les métiers de la pharmacie », relève Élisabeth Adenot.
Lutter contre les idées reçues
Pour remédier à cette méconnaissance et lutter contre les idées reçues, « il faut informer et communiquer sur la pharmacie et ses débouchés dès les années de lycée », propose Élisabeth Adenot. On part de loin, puisque cette information sur le cursus est très faible, voire nulle au lycée. « Ni les conseillers d'orientation ni les enseignants ne parlent de la filière pharmacie, ce qui devrait pourtant faire partie de leur rôle », déplore Élisabeth Adenot. Pour apporter une pierre à l’édifice, l’ANEPF soutient depuis plusieurs années les associations locales qui envoient des étudiants en pharmacie informer les lycéens. Elle distribue des kits d’orientation, et a créé une vidéo informative qui sera disponible sur le portail Parcoursup. « Mais l’entrée en pharmacie ne doit pas arrêter cet effort d’accompagnement, qui doit se maintenir tout au long des études », martèle l’ANEPF. Pour cela, l’association soutient la mise en place d’un projet d’orientation professionnelle tout au long du cursus.
Cours magistraux boudés
Concernant les études de pharmacie dans les années supérieures, le « Grand entretien 2.0 » met en évidence une forte augmentation de l‘absentéisme lors des cours magistraux : 31 % des étudiants n’y vont presque jamais, et 41 % d’entre eux suivent entre 20 à 80 % des cours. Quant à la présence totale (80 à 100 % des cours suivis), elle est minoritaire (27 %). Si les étudiants sèchent, c’est parce que les cours sont « monotones, trop longs et inadaptés au monde professionnel », relate l’enquête. Ils préfèrent alors « garder du temps pour travailler les cours chez eux », ou tout simplement « ne sont pas motivés pour suivre ces enseignements ». En revanche, ils restent assidus aux enseignements dirigés.
Par ailleurs, les étudiants estiment que l’organisation des cours n’est pas optimale. Ils regrettent un déséquilibre du volume horaire selon les matières et un emploi du temps qui change trop souvent.
Face à cette problématique, les futurs pharmaciens proposent de modifier les cours magistraux. Selon eux, ces cours doivent intégrer des pédagogies innovantes : avec des mises en situation, des cas concrets plus proches du milieu professionnel, etc. qui leur permettraient d’appliquer les compétences enseignées. « Il faudrait aussi développer davantage les enseignements dirigés et opter pour un contrôle continu, ou mettre en place une évaluation par compétence plutôt que par matière », suggère Élisabeth Adenot.
Les étudiants demandent des formations concrètes concernant l’officine (logiciels métiers, droit du travail, conseils pharmaceutiques), mais aussi des enseignements en psychologie (pour aborder le contact avec le patient), en management de l’équipe et sur l’interprofessionalité. Autre grand thème plébiscité : l'apprentissage de l’anglais. « On ne peut que constater que le niveau d’anglais dans nos études est faible », souligne Élisabeth Adenot, qui souhaiterait que les cours d’anglais deviennent obligatoires durant toutes les années du cursus. Enfin, les étudiants voudraient plus de stages, mais de meilleure qualité, et harmonieusement répartis tout au long de leur parcours universitaire.
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