Annoncés par Macron en 2022 et inscrits dans la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2023, les entretiens (ou bilans) de prévention ont été officiellement lancés après la publication d’un arrêté au « Journal officiel » du 29 mai. Mais ils doivent encore trouver leur public. C'est pourquoi les autorités de santé mènent, depuis le 8 septembre, une campagne de communication (avec plusieurs spots pour la télévision et la radio) pour sensibiliser tous les Français au dispositif et les inciter à prendre rendez-vous avec un professionnel de santé. Voici les points clés pour mener ces entretiens à l'officine.
Pour qui ?
En pratique, les entretiens de prévention sont proposés aux âges clés de la vie : entre 18 et 25 ans inclus, entre 45 et 50 ans inclus, entre 60 et 65 ans inclus, entre 70 et 75 ans inclus.
Déroulé de l’entretien
L’entretien se déroule en trois étapes, suivant une trame proposée par les autorités de santé et adaptée à chaque classe d’âge. L’entretien conduit à la rédaction d’un plan personnalisé de prévention (PPP). Celui-ci est « centré sur les thématiques identifiées comme étant prioritaires lors de l'entretien et formalise un plan d'actions vers un changement d'habitudes de vie », indique l’arrêté.
Concrètement :
- L’étape 1 permet d’identifier les facteurs de risques du patient. Le pharmacien remplit avec la personne la fiche d’aide au repérage, l’interrogeant sur sa situation personnelle, son environnement social et familial, son état de santé actuel, son parcours de santé, ses vaccinations, les dépistages réalisés, etc. En amont du rendez-vous avec son pharmacien, le patient peut remplir, directement sur le papier ou depuis son profil Mon Espace santé, un autoquestionnaire qui reprend les mêmes questions ;
- Au cours de l’étape 2, pharmacien et patient décident ensemble (décision partagée) d’un ou deux sujets prioritaires à aborder ;
- Étape 3 : à la fin du bilan, le pharmacien et le patient rédigent le plan personnalisé de prévention. Ce PPP contient plusieurs éléments : les objectifs prioritaires construits conjointement ; les obstacles rencontrés dans la conduite du changement des habitudes de vie ; les actions concrètes à mettre en place pour faciliter le changement des habitudes de vie ; les ressources et intervenants que le patient peut consulter (orientation vers un ou des professionnels de santé, ressources en ligne, associations notamment sportives…).
L’entretien dure entre 30 et 45 minutes et s’effectue dans l’espace de confidentialité.
Aucune formation complémentaire n’est obligatoire. Des outils sont cependant mis à disposition des pharmaciens.
Le bilan de prévention est rémunéré 30 euros en métropole et 31,50 euros dans les départements et régions d’outre-mer (Drom)
Information au médecin traitant
« Le plan personnalisé de prévention est remis à l'individu à l'issue de l'entretien. Le versement au dossier médical partagé, après information de l'individu et sauf opposition de sa part, vaut remise. Le plan personnalisé de prévention est également transmis au médecin traitant par messagerie sécurisée, sauf opposition de l'individu », indique encore l’arrêté. La fiche d’aide au repérage des risques est également à transmettre au médecin traitant pour le suivi (par messagerie sécurisée, par le Dossier médical partagé ou directement par le patient).
En cas de suspicion de pathologie non suivie ou non connue, le PPP doit être suivi d’une consultation médicale afin de permettre l’établissement d’un diagnostic.
Tarif et facturation
Le bilan de prévention est rémunéré 30 euros en métropole et 31,50 euros dans les départements et régions d’outre-mer (Drom). Il ne peut être facturé qu’une seule fois par personne et par tranche d’âge avec le code acte « RDP ». « La plupart des LGO sont déjà efficients depuis janvier dernier : seuls quelques petits LGO ne l’étaient pas et attendaient la parution de l’arrêté », précise Jérôme Koenig, directeur général de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO).
Attention lors de la facturation : « Aucune majoration ne peut être facturée en sus de ces tarifs », précise encore l’arrêté. Cependant, « dans le cas où un besoin est identifié lors du déroulement de l'entretien de prévention », le pharmacien peut facturer une vaccination (RVA, VGP) ou la remise d'un kit de dépistage du cancer colorectal (RKD). Mais pas les deux, puisqu’ « un seul acte technique ou une seule prestation est facturable en complément du tarif mentionné par entretien de prévention. »
Ces bilans de prévention sont pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie pour tous les assurés, sans avance de frais.
Faire savoir
Un annuaire des professionnels de santé habilités à réaliser des bilans prévention est mis en ligne sur le site sante.fr/annuaire-mon-bilan-prevention. Pour s’inscrire, le pharmacien se connecte avec sa carte CPS ou e-CPS sur le site https://www.sante.fr/professionnel/connexion puis choisit « Bilan prévention » et renseigne les informations nécessaires.
En plus des pharmaciens, les médecins, les infirmiers et les sages-femmes peuvent réaliser des bilans de prévention.
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