L’armoise annuelle (Artemisia annua) appartient à ces plantes emblématiques qui apportent à la thérapeutique des services incommensurables notamment dans le domaine du paludisme. Après la découverte du quinquina (Cinchona succirubra) il y a 200 ans en Amérique tropicale, un arbre dont l’écorce, riche en quinine, a révolutionné le traitement contre le paludisme, c’est aujourd’hui l’armoise annuelle originaire des régions tempérées chaudes de Chine qui prend le relais avec l’artémisinine, un antipaludéen efficace et dépourvu de résistance. Cette découverte a valu en 2015 l’attribution d’un prix Nobel de médecine à la collègue chinoise Tu Youyou Tu.
Cette plante herbacée aux tiges ramifiées portant des feuilles divisées odorantes et une inflorescence discrète en grappes jaunâtres atteint les 2 mètres de hauteur.
Le fameux Compendium de Matière Médicale de Li Shinzen du XVIe siècle, pharmacopée de référence de la Médecine Traditionnelle Chinoise, la recommande dans les fièvres et le paludisme et également pour faciliter les règles. La Pharmacopée chinoise actuelle l’indique dans le paludisme et la jaunisse.
En Chine, l’armoise a été proposée pour résoudre les symptômes de difficultés respiratoires modérées. Elle n’est pas toxique et n’induit pas d’effet secondaire. Des effets antiviraux ont été mis en évidence. Un rapport commandé par l’OMS en 2004 rapporte l’intérêt d’associer la médecine conventionnelle antivirale avec des plantes de la médecine traditionnelle dans le traitement du SRAS. Mais, nous ne disposons actuellement d’aucune preuve de l’intérêt d’Artemisia annua dans le traitement de la Covid-19. Le Président de Madagascar a proposé un remède préventif et curatif à base de plantes dont la fameuse armoise qui pousse abondamment dans l’île. Hélas, cette stratégie n’a pas limité le développement de la pandémie.
Des teneurs variables selon les biotopes.
Les feuilles contiennent de l’artémisinine, une lactone sesquiterpénique, de l’acide artémisinique, de l’artéanuinine B et une huile essentielle de composition variable selon les biotopes. L’armoise annuelle est cultivée pour fournir le principe actif, mais les teneurs sont variables selon les biotopes : plus importante en climat tempéré et plus faible en climat tropical.
Des dérivés hydrosolubles préparés par hémisynthèse à partir de l’artémisinine, artéméther et arthééther, sont prescrits contre le paludisme.
L’artémisinine est efficace contre le paludisme in vitro sur cultures d’érythrocytes et in vivo chez la souris parasitée : elle agit sur les plasmodiums résistants à la chloroquine présents dans l’érythrocyte en perturbant l’équilibre calcique du réticulum endoplasmique et bloque l’enzyme ATP ase et induit des radicaux toxiques pour le parasite. Les essais cliniques confirment ces propriétés.
Une action anti-inflammatoire est démontrée chez le rat et chez l’homme.
L’artémisinine montre des effets antitumoraux dans différents modèles in vitro et in vivo. Et aux différents stades de la cancérisation : initiation, développement, métastase.
Contre le paludisme, mais pas en tisane !
L’artémisinine et ses dérivés sont prescrits dans le traitement du paludisme, mais l’OMS déconseille l’usage de la tisane afin d’éviter l’apparition de résistance avec des préparations sous dosées. En effet, cette plante originaire des régions tempérées de Chine produit en zone tropicale des parties aériennes à teneur plus faible en artémisinine.
Ne pas confondre avec l’armoise commune (Artemisia vulgaris) et l’absinthe (Artemisia absinthium qui sont inscrites à la Pharmacopée européenne.
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p.
www.ethnopharmacologia.org
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