Selon les statistiques 2022 publiées aujourd'hui par le réseau CGP, la vaccination Covid et les TAG ont contribué pour 82 000 euros à l’économie officinale, portant à leurs apogées chiffre d’affaires et excédent brut d’exploitation. Une performance qui ne pourra pas se renouveler cette année et qui lance un véritable défi au réseau officinal, pris en étau entre la hausse de ses charges et l’inflation.
Que ce soit en termes de chiffre d’affaires ou au niveau de la marge, 2022 a surpassé l’année 2021 déjà qualifiée d’année exceptionnelle. Toutes les pharmacies, quelles que soient leur taille et leur localisation, en ont bénéficié, même si le critère taille devient de plus en plus prégnant.
En hausse de 10,92 %, l’activité moyenne de l’officine* s’élève à 2,264 millions euros. Comme l’a souligné, Joël Lecoeur, président du réseau d’experts-comptables CGP, lors d'une conférence ce 10 mars, cette performance résulte de l’alignement de trois facteurs : la progression des ventes de médicaments chers, le retour des pathologies au printemps et à l’automne 2022 et des prestations Covid (TAG et vaccins) qui se sont maintenues à un niveau élevé.
La marge brute globale explose et atteint 32,44 % du chiffre d’affaires, soit 94 900 euros supplémentaires. Quant à l’excédent brut d’exploitation, il évolue de 51 400 euros pour atteindre 328 400 euros, soit 14,50 % d’un CA en progression, contre 13,59 % lors de l’exercice précédent. Cependant, remarque Joël Lecoeur, hors tests et vaccinations, il fléchit à 11,72 % du chiffre d’affaires, et ne progresse que de 6 000 euros. Le président de CGP touche du doigt le point névralgique de l’économie officinale : « Le défi va être désormais de pouvoir se passer des revenus liés aux TAG qui ont rapporté 82 000 euros en 2022, contre 31 000 euros un an auparavant. Les prestations de service et les TAG qui atteignent aujourd’hui 141 500 euros risquent fort à l’avenir de revenir au niveau de 2020-2019, soit 47 300 ou 46 250 euros. »
Face à cette « perte » de 90 000 euros, l’enjeu de 2023 sera d’absorber une baisse de la marge dans un contexte de forte augmentation des charges externes (loyers, leasing d’équipement) et des frais de personnels. « Ceux-ci ont déjà absorbé la moitié de d’excédent brut d’exploitation supplémentaire en 2022, contre un tiers d’habitude », relève le président de CGP.
Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) s’aligne sur cette prudence, les chiffres de CGP émis entre le 1er novembre 2021 et le 31 octobre 2022 présentant, selon lui, « un effet d’optique ». « Les mois de janvier et de février donnent les indicateurs de ce que sera l’année 2023. L’impact des produits chers sur la marge se fait ressentir plus que jamais tandis que le durcissement des relations avec les fournisseurs entraîne une baisse des remises commerciales », prévient-il. De fait, tenant compte de l’inflation, les projections de CGP prévoient une érosion de l’EBE de 9,39 % pour cette année.
*Sur un panel de 1 807 officines.
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